Propulseur d’étrave : à quoi sert-il et comment bien le choisir pour son bateau

Equipements
Par Le Figaro Nautisme

Les ports de plaisance étant de plus en plus encombrés, il est souvent difficile d’accoster et, ce, d’autant plus que bien souvent on doit le faire en marche arrière. Avec un propulseur d’étrave, bien adapté au bateau, les manœuvres seront facilitées. Deux solutions sont envisageables : propulseur rétractable ou en tunnel. Dans ce dossier, nous verrons les modèles en tunnels, les rétractables étant réservés à la première monte.

Les ports de plaisance étant de plus en plus encombrés, il est souvent difficile d’accoster et, ce, d’autant plus que bien souvent on doit le faire en marche arrière. Avec un propulseur d’étrave, bien adapté au bateau, les manœuvres seront facilitées. Deux solutions sont envisageables : propulseur rétractable ou en tunnel. Dans ce dossier, nous verrons les modèles en tunnels, les rétractables étant réservés à la première monte.
Commande moteur et propulseur
Commande moteur et propulseur © Albert Brel

Comment ça marche ?

Un propulseur d’étrave a deux fonctions : assurer la rotation de l’étrave du bateau et le maintenir sur sa trajectoire pendant une manœuvre. Pour cela, une hélice placée à l’avant du bateau (rétractable ou dans un tunnel) produit une poussée non pas comme celle de l’hélice de propulsion dans l’axe du bateau mais perpendiculairement à la marche. Suivant le sens de rotation de l’hélice, l’étrave pivote vers bâbord ou tribord. Un principe simple mais qui n’est pas sans soulever quelques problèmes techniques, en particulier, au niveau de l’hélice (positionnement, nombre de pales).


L’hélice : le point délicat

Pour être efficace, elle doit rapidement prendre ses tours, présenter une faible inertie en inversion de marche et avoir un rendement sensiblement identique dans les deux sens. Avec une seule hélice, le côté opposé à son embase est favorisé par rapport à l’autre côté. Sur les plans électriques et mécaniques, il est tout à fait possible de réaliser un ensemble moteur/hélice, ayant un minimum d’inertie (montée rapide en vitesse) et, en jouant sur le rapport de démultiplication entre le moteur et l’hélice, d’obtenir une puissance importante permettant une poussée maximum en un minimum de temps. Le problème le plus difficile à maîtriser est d’obtenir une poussée identique quel que soit le sens de rotation. On peut rapprocher ce point à celui des hélices des bateaux. Elles sont conçues pour que l’efficacité en marche avant soit optimum, une hélice standard en marche arrière a une perte de rendement de l’ordre de 30 à 40% et un pas qui favorise un sens de rotation. Sur les propulseurs d’étrave, les fabricants ont joué d’imagination pour rendre les hélices le plus efficace possible. Le poids étant l’ennemi numéro un sur une hélice qui doit monter rapidement en vitesse, pour le réduire, la majorité des constructeurs ont opté pour l'utilisation des matériaux composites (plastique, carbone) voire en alliage léger. Quant au nombre de pales et d’hélices, chaque constructeur a son idée. Cela va de 3 à 6 pales et pour les hélices de 1 à 2. Les défenseurs de deux hélices comme Max Power et Volvo estiment que deux hélices travaillant en contre réaction (pales décalées) en fonction du sens de rotation apportent un plus pour le rendement à condition que le pas des hélices soit différent. En pratique, deux hélices tournant dans le même sens auront une efficacité maximum si le pas de l’hélice arrière est plus important que celui de celle d’avant. On peut comparer ce phénomène à un entonnoir, l’hélice arrière avec un pas important aspire une grande quantité d’eau qui est canalisée par l’hélice d’avant. Lorsque l’on inverse le sens de rotation, on n'inverse pas le pas, l’hélice d’arrière devient l’hélice d’avant annulant en partie l’effet que nous venons de voir. Quel avantage si le gain, gagné dans un sens, est annulé voire inférieur à celui d’une seule hélice ? Tout simplement pour un meilleur centrage des hélices dans la tuyère et minimiser les perturbations dans l’écoulement forcé de l’eau dues à l’embase du moteur. Les adeptes de l’hélice unique, come Vetus, partent du principe que deux hélices ont une masse pratiquement doublée par rapport à une hélice ce qui entraine un retard de poussée. En pratique, faites confiance au professionnel qui saura vous conseiller sur le modèle le mieux adapté à votre bateau.

© Albert Brel


L’installation électrique

Un propulseur est équipé d’un moteur puissant, par exemple, 5000 watts sur un modèle de 75 kgf, soit une consommation maximum sous une tension de 12 volts de 5000/12 = 416 ampères. Un tel courant demande, pour éviter toute perte de tension qui entrainerait une diminution de la vitesse du moteur, un câble de forte section entre les batteries et le propulseur et une batterie adaptée à même de fournir un courant important pendant un temps relativement court. Les batteries de démarrage ou les batteries à technologie spirale (optima) sont bien adaptées. Sur un bateau, les batteries sont très souvent placées à l’arrière dans le compartiment moteur. Ce qui nécessite de tirer une grande longueur de câble. Une autre solution, si le bateau est équipé d’un guindeau électrique est d’utiliser la ligne du guindeau pour alimenter le propulseur. On peut également envisager une batterie dédiée à l’avant du bateau pour alimenter le guindeau et le propulseur. Ces deux équipements n’étant jamais utilisés en même temps. L’installation doit être protégée par un fusible ou un disjoncteur thermique, les constructeurs en proposent. Pour la commande, les plus courantes sont le tableau avec boutons (solution simple standard), le joystick ou la télécommande.

Propulseur Vetus moteur sur tunel
Propulseur Vetus moteur sur tunel© Albert Brel


L’installation mécanique

L’installation d’un propulseur d’étrave demande une certaine pratique qui ne peut être effectuée que par un professionnel. Pour faire pivoter rapidement la proue d’un bateau, il faut que le bras de levier entre les deux hélices (propulseur et propulsion) soit le plus grand possible. Ne pouvant pas jouer sur l’emplacement de l’hélice de propulsion, il faut positionner celle du propulseur le plus en avant possible et à une profondeur proche de celle du moteur de propulsion. Ce point a pour conséquence que les propulseurs en tunnel ne peuvent pas se monter sur les bateaux à carène plate. Là, il faut se tourner vers un modèle rétractable où l’hélice plonge plus profond. Lorsque l’on installe un propulseur, on intervient sur la structure du bateau, on n’a pas droit à l’erreur. Deux points sont à prendre en considération : la position de la tuyère et son adaptation à l’étrave. Pour une efficacité maximum, on doit avoir entre la ligne de flottaison et le haut de la tuyère une hauteur égale au diamètre de la tuyère. Sur un bateau à moteur à coque planante, elle doit être positionnée de telle sorte qu’elle soit hors d’eau lorsque l’étrave s’élève. La longueur de la tuyère doit être comprise entre deux et quatre fois son diamètre. Le dernier point est la jonction de la tuyère avec la coque. La jonction directe est celle qui est le plus souvent retenue. Elle est simple à réaliser, mais en navigation elle perturbe les filets d’eau. Pour minimiser cette perturbation, on peut chanfreiner les côtés de la jonction voire réaliser une coquille qui épouse la forme de la vague. Elle doit avoir une longueur voisine de deux à trois fois le diamètre de la tuyère.

Propulseur Vetus helice
Propulseur Vetus helice


Notre avis

Naviguant avec un bateau équipé d’un propulseur d’étrave, je dois reconnaître que c’est une aide précieuse lorsque l’on doit manœuvrer dans les ports encombrés, en particulier, pour prendre une place le long d’un catway, d’un quai ou entre deux bateaux. La prise en main demande une certaine pratique. Il faut savoir qu’un propulseur, gros consommateur électrique, ne doit s’utiliser que lorsque le moteur de propulsion est en service et l’utilisation doit se faire dans des temps relativement courts. Certaines innovations dont nous avons déjà parlé, apportent beaucoup sur la facilité d’accostage. C’est le cas de l’intégration des propulseurs de dernière génération Vetus BOW PRO avec le joystick JPO de chez Mercury.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.