
Après trois jours de course et de multiples rebondissements, c’est pour la plupart collés les uns aux autres, comme une régate en baie, que les 35 solitaires en lice sur la 51e édition ont longé par le nord l’archipel situé au sud-ouest de l’Angleterre.
Passés au phare irlandais du Fastnet mardi soir, les 35 skippers ont avalé en une quinzaine d’heures la Mer Celtique, une grande partie d’entre eux rivés à la barre de leur monotype Figaro Bénéteau 3 afin de ne pas concéder la moindre parcelle de terrain à la concurrence, malgré la fatigue et le froid. Joint mercredi matin, Corentin Douguet, 8e sur NF Habitat, se désolait justement de ne pas pouvoir suffisamment barrer, la faute à un dos en souffrance : « Je n’arrive pas à rester à la barre plus d’une demi-heure, j’ai fait à peu près toute l’étape sous pilote. Du coup, quand Xavier Macaire s’est fait la malle, je n’avais pas les armes pour le suivre, même s’il faut aussi reconnaître qu’il a bien navigué. »
En tête depuis dimanche soir, Xavier Macaire (Groupe SNEF) continue en effet son récital, qui ne deviendra symphonie fantastique que s’il conserve jusqu’au bout son avance sur ses poursuivants. Car derrière, les écarts sont infimes : à 17h mercredi, Alexis Loison (Région Normandie), auteur d’une impressionnante remontée en Mer Celtique, pointait à 2 milles du leader - soit une dizaine de minutes -, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 2,6, Frédéric Duthil (Technique Voile-Cabinet Bourhis Generali) à 2,7, Loïs Berrehar (Bretagne CMB Performance), lui aussi impressionnant depuis mardi soir, à 3,3, les dix bateaux de tête, dont TeamWork, mené par le bizuth suisse Nils Palmieri, se tenant en 5 milles.
Autant dire rien à l’échelle d’une étape de 642 milles, ce qui ne laisse aucune marge d’erreur au skipper de Groupe SNEF, qui sent le souffle de ses poursuivants dans la nuque et va vivre une fin d’étape à haute tension. Double lauréat de La Solitaire du Figaro (2016 et 2019) et vainqueur de la première étape l’an dernier, Yoann Richomme confirme : « La journée et la nuit vont être longues pour Xavier. Quand on est à l’avant du paquet à quelques heures de l’arrivée, on est forcément tendu parce qu’on a toute une meute derrière soi et que c’est quelque chose de grand de gagner une étape, car très difficile à réaliser. »
Xavier Macaire est bien placé pour le savoir, puisque s’il a déjà signé des podiums d’étape et au général (2e en 2013, 3e en 2015), il n’a encore jamais connu les honneurs de la plus haute marche en neuf participations à La Solitaire du Figaro. Ce coup-ci sera-t-il le bon ? Réponse jeudi aux alentours de 5h…