
Après une nuit assez compliquée pour les marins, ponctuée par de nombreux virements de bord pour tenter d’exploiter les petites oscillations de vent, trois groupes se sont formés : un à l’ouest, qui s’est rallongé la route mais qui a été le premier à toucher la bascule du vent au nord-ouest après le passage de front ; un au centre et un à l’est, qui a choisi de virer relativement tôt pour faire cap au sud et réussir à progresser vers l’Espagne. « Les concurrents ont passé un front froid qui n’était pas très actif dans la matinée. Il y avait une quinzaine de nœuds, mais ça s’est vite calmé. Ils ont quand même pu jouer un peu dedans, avoir un peu d’angle et basculer sous spi au début », analyse Amélie Juvien, Directrice de Course adjointe, qui précise que le vent a molli et que les marins progressent actuellement dans une dizaine de nœuds de vent.
Si on assiste à une valse des leaders aujourd’hui, à la mi-journée, les partisans de l’option centre, emmenés par Basile Bourgnon étaient en tête. Mais les écarts restent infimes au sein de la flotte et il faudra attendre demain pour savoir qui des trois groupes l’emportera au final. « La dorsale est en train de se décaler à l’est et de les rattraper. Il est difficile à ce stade de savoir quelle option sera payante car il y a une belle molle (zone sans vent) dans le nord de Gijón. On ne sait pas encore si le vent va s’établir ou si ça va rester mou. En fonction de ça, les choses peuvent accélérer très vite pour finir dans du vent de nord, avec un effet thermique à la côte », poursuit Amélie Juvien, qui estime que le petit groupe de l’est composé de Jacques Delcroix (ACTUAL), 28e, Édouard Golbery (Verder – Seastemik), 30e et Jules Delpech (ORCOM), 34e au pointage de 15h15, peut « s’en sortir aussi, sachant qu’il n’y a pas d’écart franc entre les trois paquets ». A l’heure actuelle, l’ETA des premiers à Gijón se situe entre 16h et 18h, mais il n’est pas exclu que les bateaux arrivent plus tôt dans l’après-midi.
Du côté du Défi Paprec, Mieux (Hugo Le Clech/Arthur Meurisse) est au contact du paquet du centre de La Solitaire du Figaro Paprec et suit le rythme imprimé par les solitaires. A 15h15, le duo comptait 14 milles d’avance sur DEANRACINGTEAM (Pier Paolo Dean/Tiphaine Rideau) et 16,4 milles sur Normandy Offshore Program by Paprec (Pierrick Letouzé/Lola Billy), situés dans son ouest.
Ils ont dit :Alexis Loison (Groupe REEL), à la vacation de ce matin : « J’ai alterné quelques petites siestes car j’en avais vraiment besoin. Le vent bouge beaucoup, ce qui m’a obligé à opérer quelques changements de voiles entre le génois et le gennaker. J’ai essayé de comprendre ce qui se passe sur l’eau. Je viens de perdre les différents signaux AIS que j’avais, mais je sais que j’ai quelques concurrents pas loin. Je suis là pour jouer, mais je serais plus inquiet dans l’ouest avec cette histoire de dorsale qui pousse. Maintenant, nous savons que la météo n’est pas fiable. Je fais selon mon idée comme je me suis promis de le faire sur cette Solitaire, et surtout sans regarder les autres. Il y a un placement en latéral qui va s’opérer et après, c’est à celui qui va trouver le meilleur angle pour descendre. »
Jacques Delcroix (ACTUAL), à la vacation de ce matin : « J’ai Hugo Dhalenne (YCSL – Primatice – SLB Pharma), Jules Delpech (ORCOM) et Édouard Golbery (Verder – Seastemik) à l’AIS. Heureusement que celui d’Alexis (Loison) émet comme un phare. Je pense qu’il doit y avoir du monde dans l’ouest. Le front va nous passer dessus et on va découvrir ce qu’on a récolté. Le positionnement sera alors fait. Après, ça va être du portant dans l’anticyclone. On devrait sortir le spi dans la journée, enfin. La route est encore longue sur cette étape mais après, il y en a encore deux. La nuit a été douce, ça fait du bien car depuis le début ça a été assez tonique. Il fallait quand même être dessus pour faire avancer le bateau. J’ai tenté de faire quelques siestes mais j’avais pas mal de dauphins autour du bateau qui faisaient un bruit d’enfer. Impossible de fermer l’œil. Je suis content de faire du sud, ça commence à sentir la sangria et le jambon. ».
Édouard Golbery (Verder – Seastemik), à la vacation de ce matin : « Ça fait un peu peur. Nous sommes décalés à l’est, ça peut payer à la fin. L’idée était de rester à droite de la flotte. Si le front ne se déplace pas comme prévu, ça peut nous coûter beaucoup. En revanche, ça fait plaisir de naviguer à côté de Jules (Delpech). Il navigue très bien. J’espère que nous ne sommes pas assis au fond du bus. J’imagine une bascule en fin de matinée et je croise les doigts pour que nous ayons de la pression sur la fin. »
Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan), à la vacation de cet après-midi : « La flotte a un peu explosé dans la nuit, entre ceux qui sont partis à l’est et ceux à l’ouest. On enroule maintenant la dorsale que j’ai moi-même essayé d’éviter en passant par l’est. En tout cas, ce temps ensoleillé fait du bien, ça permet de faire sécher le linge. On va vers une bascule progressive du vent, on va tous empanner pour finir bâbord amure jusqu’à Gijón. Le bateau est travers aux vagues, ça bouge encore pas mal. Ce n’est pas si évident que ça d’aller se reposer. Je vais attendre que la mer se calme pour mettre le pilote. Je pense arriver à Gijón en fin de journée demain, dans la nuit ».
Suivez les arrivées demain sur le site de La Solitaire du Figaro Paprec.