Transat Jacques Vabre : 3 parcours pour 4 classes
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Il aura fallu 12 jours à Kito de Pavant et Gwen Gbick sur leur Class 40 HBF-Reforest Action pour rallier Le Havre depuis leur base de Port-Camargue. Un long voyage de 1 800 milles nautiques ponctué de quelques escales, mais surtout de passages symboliques, du détroit de Gibraltar au Raz Blanchard, en passant par le Cap Finistère et Ouessant. L’Ultim trimaran bleu SVR-Lazartigue de François Gabart et Tom Laperche ne devrait lui pas mettre plus de 12h pour parcourir la distance séparant Concarneau du Havre à 30 nœuds de moyenne, une vitesse devenue habituelle sur ces machines volantes. Sur la ligne de départ, l’écart de potentiel de vitesse entre un monocoque de 12 mètres pourtant très performant et un trimaran de 32 mètres restera abyssal, mais le nombre de milles à parcourir devant leurs étraves ne seront pas du tout les mêmes.
Ensemble jusqu’au Cap Vert
En effet, avec le retour des Ultims sur cette 15ème édition de la transat en double, les autres classes présentes, notamment les 60 pieds Imoca type Vendée Globe, s’inquiétaient des écarts potentiels à l’arrivée, et donc d’un risque de retombées médiatiques bien moindres. L’organisation de la course en était pleinement consciente car le timing des arrivées affecte également leur logistique, tout comme celle des journalistes présents. La solution imaginée, notamment par Francis Le Goff le directeur de course, c’est de rallonger la distance à parcourir pour les plus rapides. Jusqu’aux Canaries, une seule route pour tous, même si elle sera parcourue à des vitesses différentes. Mais dès les îles du Cap Vert laissées à tribord, les Class 40 pourront mettre le clignotant à droite pour attraper les Alizés et glisser en route directe vers l’arrivée. Au total ils auront 4 600 milles à parcourir sur la route théorique.
Le « Pot au noir » comme ralentisseur
Les trimarans de 50 pieds (Ocean Fifty) et les monocoques de 60 pieds (Imoca) aux potentiels de vitesse jugés relativement proches, voient eux leur parcours porté à 5 800 milles. Ils devront en effet aller contourner l’archipel Brésilien de Fernando de Noronha, soit un détour de 1 200 milles avant de pouvoir mettre le cap sur Fort de France. La voie leur aura normalement été ouverte par les cinq trimarans Ultims qui doivent quant à eux descendre encore plus Sud. Ils laisseront à tribord l’archipel de Trinidade et Martim Vaz, au large de Rio de Janeiro (800 milles nautiques), ce qui fait de leur parcours, le plus long de cette édition : 7 500 milles au total. Outre une plus longue distance à parcourir, ces deux parcours présentent des situations météorologiques bien plus risquées et aléatoires, avec deux passages de l’équateur et de la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) plus connue sous le nom légendaire de « Pot au Noir ». Si lors de la remontée ils sont dans son Ouest, ils devraient être moins impactés, mais la remontée le long des côtes Brésiliennes avec ses vents erratiques ne s’annonce pas une sinécure pour autant.
Rendez-vous au Diamant
Comme au départ, l’atterrissage sur Fort-de-France par le Sud est commun aux 80 duos de skippers engagés. Entre différences de vitesse, de distance à parcourir, les aléas météo, les ennuis techniques et les choix stratégiques plus ou moins payants, les écarts pourraient être très faibles sur la dernière ligne droite entre le Rocher du Diamant et Fort-de-France. Si selon l’organisation, les temps de traversée doivent s’étaler entre 12 et 22 jours, on pourrait assister à un joli embouteillage après environ deux semaines de course. Voir le premier Class 40 arriver en même temps qu’un Ultim n’est pas du tout à exclure. Petits et grands trimarans pourraient bien régater avec des Imoca en contournant les Anses d’Arlet. Une seule certitude, la course se jouant en temps réel, le premier arrivé dans sa classe sera l’un des quatre vainqueurs à désigner.
Pour leurs retrouvailles avec la course au large les Martiniquais devraient donc assister à un spectacle exceptionnel. Le suspens est entier, dans toutes les classes et entre les classes. Les stades nautiques naturels de départ et d’arrivée étant de toute beauté, les images s’annoncent superbes. Rendez-vous donc le 7 novembre au Havre, et quelques 15 jours plus tard de l’autre côté !