Transat Jacques Vabre : deux salles deux ambiances

Par Mahault Malmont-Marchal

Ils sont heureux les duos en mer, enfin presque… Les conditions s’améliorent à la sortie de la dorsale (zone de vents faibles et erratiques), aussi, les plus rapides ont déjà pu renouer avec des vitesses honorables, tandis qu’une grosse partie de la flotte des Class40 bute encore dans cette zone sans vent. Les écarts deviennent conséquents et la flotte de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre s’étend désormais sur 700 milles.

Ultime : cap au Sud 

Depuis hier, les cinq géants des mers ont pu s’extirper de la dorsale anticyclonique et à nouveau progresser vers le sud. Ces dernières 24 heures, ils ont pu parcourir 665 milles, contre 160 le jour d’avant. Ils glissent actuellement à 25-30 nœuds dans un vent de nord-ouest, des conditions idéales pour ces machines volantes. La nuit dernière, l’enjeu était au passage du cap Finisterre, synonyme de quelques heures sur le pont. “Cette nuit, il a fallu se hisser entre le cap Finisterre et le DST. Nous avons été obligés d’effectuer plusieurs empannages, c’était assez dense.” expliquait François Gabart à la vacation de ce matin. L’heure est désormais aux glissades le long du Portugal dans une ambiance de régate puisque les équipages continuent d’avancer groupés ! “Nous voyons tout le temps quelqu’un à l’AIS depuis le départ, c’est assez sympa. C’est toujours intéressant d’avoir des bateaux à côté, ça nous permet d’une part d’avoir des repères sur notre bateau que nous découvrons, mais aussi de se challenger car nous voulons toujours aller plus vite qu’eux !” déclarait le skipper de SVR - Lazartigue. Côté classement, le Maxi Edmond de Rothschild conserve la première place, avec une avance de 17 milles sur son dauphin, Sodebo Ultim 3, et 60 milles sur Banque Populaire XI, qui bataille depuis hier pour rattraper les milles perdus lors d’une option peu fructueuse. 

Ocean Fifty : la chasse est ouverte 

Les multicoques de 50 pieds filent désormais aussi vers le sud. Erwan Le Roux et Xavier Macaire continuent d’ouvrir la marche. La compétition est de rigueur à bord, tentait d’expliquer Thibaut Vauchel-Camus, sur Solidaires En Peloton – ARSEP, sur fond de sifflements liés à la vitesse du bateau. “Nous sommes en mode compétition avec Primonial, ça régate ! Maintenant, nous allons continuer à cravacher pour suivre la cadence d’Erwan (Le Roux) !” Et oui, les deux skippers de Koesio vont vite, mais tiennent seulement 22 milles d’avance ce matin. Les jeux ne sont pas faits, d’autant plus que d’autres choix stratégiques seront à prendre dans les prochaines heures. Longer la côte ou se diriger vers le milieu de l’Atlantique ? La décision devra être prise avant la latitude de Lisbonne. 

Imoca : une flotte scindée 

La flotte de monocoques s’étend désormais sur 245 milles. En tête, toujours Apivia, qui est parvenu à creuser à nouveau l’écart avec ses concurrents (43 milles). Derrière Charlie et Paul, la flotte s’étale sur tout le golfe de Gascogne, par petits groupes de deux, trois, ou quatre bateaux, et tente de s’accrocher pour ne pas laisser l’Imoca jaune et noir filer. “Nous ne sommes pas trop loin de nos concurrents donc nous essayons de rester accrocher pour suivre l’aventure avec eux !” expliquait Sébastien Simon (Arkea Paprec), actuellement sixième au classement. "Nous ne désespérons pas qu’après le passage du cap Finisterre, l’étau se resserre !” Et oui, la sortie de dorsale laisse partir les leaders devant, mais les poursuivants ont encore une chance de les rattraper, la route est encore longue. Les plus à la peine ce matin sont Antoine Cornic et Jean-Charles Luro (Ebac), qui ont du mal à faire du Sud. Dans un mot du bord reçu hier soir, le skipper racontait : “C’est difficile mentalement de voir les copains partir et nous impuissants pour divers problèmes. La route est longue et nous nous battons comme des dingues pour faire avancer le bateau.”

Class40 : encore en mode tortue 

Les 40 pieds ont désormais tous basculé sur la façade Atlantique, mais les vitesses ne reprennent pas pour autant. Pour l’instant, seuls les premiers, La Manche #EvidenceNautique et Volvo, placés plus au sud, parviennent à toucher de l’air. Cependant, la journée d’aujourd’hui devrait signer la fin de cette situation nerveusement compliquée. En effet, les 45 Class40 devraient avoir à nouveau du vent d’est d’ici la fin de journée du fait de la déstructuration de la dorsale. 100 milles dans l’ouest du peloton, Polka Dot est le seul à prendre une option différente de tous. En effet, Alex Mehran Jr et Merfyn Owen ont décidé “d’aller au mastic” en allant chercher des systèmes dépressionnaires dans l’ouest. Ils devraient trouver des vents de 30-35 nœuds au près, demain, à l’approche d’une dépression. Dans un mot du bord, l’équipage nous explique cette décision. “Nous sommes très loin du reste de la flotte ! Les routages ont commencé à nous orienter vers l'ouest pour essayer de rester dans la brise, en particulier avec les nouveaux systèmes de basse pression qui sont censés passer. C'était une décision difficile à prendre car personne ne le faisait dans aucune flotte.” Nous verrons si l’option sera payante pour le duo Américano-britannique. 

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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