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L’automne est là, bientôt l'hiver. Les bateaux qui restent au port sans leurs propriétaires sont exposés aux outrages du temps, au sens météorologique du terme, surtout quand les éléments se déchainent comme en ce début de mois de novembre. Selon Alexis Vandevoorde, responsable de l'information chez METEO CONSULT, « les coups de vent sont des vents avec des intensités moyennes comprises entre 62 et 88 km/h. Au-delà, on parle de tempête (vent moyen atteignant 100 km/h), de violentes tempêtes puis d’ouragan, dernier niveau de l’échelle de Beaufort, où les vents moyens dépassent les 118 km/h et des rafales au-delà de 150 km/h. » Ces événements aux caractéristiques extrêmes n'en sont pas moins assez fréquents. « Dix à vingt coups de vents sont observés en moyenne par an en France, surtout à proximité des littoraux de l’Atlantique et de la Manche : la pointe du Finistère est la plus soumise. Près du Roussillon, le vent se canalise provoquant neuf coups de vent en moyenne à Perpignan. Marseille connaît six jours de coups de vent annuels », précise Alexis Vandevoorde. De plus, un récent rapport du GIEC prévoit une augmentation de la fréquence et de l’intensité des coups de vent et tempêtes de 5 à 10 % d'ici à la fin du 21e siècle. « Cette hausse est imputable à l’augmentation des températures sur la planète entraînant une évaporation plus importante des océans, davantage d’humidité dans l’air et en conséquence de l’énergie supplémentaire nécessaire à la genèse des plus fortes dépressions. » Fort heureusement, les météorologues peuvent prévoir ces événements jusqu’à sept jours à l’avance. « À J-2, malgré quelques incertitudes, on peut connaître la force et la localisation du coup de vent. Dans le cas de tempête (vent de force 10 à 12), la prévision peut s’avérer plus délicate car les processus conduisant à la formation de bombe météorologique sont très complexes et plus difficilement modélisables. »
Les ports en alerte
Face à cette récurrence, les ports sont nécessairement mobilisés. Léone Breton est déléguée générale de l’Association des Ports de Plaisance de l'Atlantique (APPA) qui fédère les infrastructures de Pornichet à Hendaye. « Dire que notre activité se calme en hiver est une idée reçue, présente-t-elle. Oui, la relation clientèle avec l’accueil de plaisanciers en escale ralentit, mais le travail est différent pour les gestionnaires. C’est toute une période de logistique qui se prépare en back office, dont les questions d’hivernage, de préparation de l’année suivante… » L’APPA n’a pas enregistré de gros dégâts à la suite des récents passages des tempêtes Ciaran et Domingos. « Nombre de ports utilisent divers moyens de communication - mailings, sms et réseaux sociaux - pour diffuser des messages de prévention sur la vérification des amarres par exemple. Puis on demande aux plaisanciers à ne pas rester sur place. Les agents de port d’astreinte passent sur les pontons en amont et en aval des gros coups de vent. En cas de problème, la capitainerie est prévenue pour mettre le navire en sécurité et prévenir le propriétaire. C’est un travail collectif avec les plaisanciers. »
La bienveillance des voisins de ponton Louis Boyer navigue toute l'année. Son voilier RM 900 de 1989 est basé à la même place au port des Minimes à La Rochelle depuis 25 ans. Les changements d'ambiance sur le port, il connait, la solidarité aussi. « Même si le port est grand, qu’il est moins peuplé l’hiver, il y a toujours du monde sur les pontons » Et dans ces moments de turbulence, les plaisanciers absents peuvent compter sur l'attention des amoureux de la mer et des navires pour veiller au grain. « A chaque coup de vent, on est attentif aux bateaux. Si on voit un problème, on sait que le propriétaire absent est d’accord pour qu’on monte sur le pont pour retendre une drisse par exemple. Il y a parfois des enrouleurs qui se déroulent tout seuls. Les voiles peuvent se déchirer. »
Pour limiter les risques, les plaisanciers doivent observer quelques bonnes pratiques dès que le bateau est mis en mode hivernage. « Il faut enlever tout ce qui peut avoir une prise au vent et à l’humidité. Les voiles s’abiment beaucoup l’hiver, il faut les déposer ainsi que les cordages inutiles et retirer tout ce qui peut s’envoler sur le pont ». Le plaisancier conseille en outre de descendre la bôme au plus bas du pont pour limiter la prise au vent, de doubler les amarres et d’en vérifier la tension, d’ajouter des pare-battages côté catway et bateaux voisins, de fermer les vannes d’alimentation de son moteur…
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