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Le surf
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Sans conteste le premier nom venant à l’esprit en évoquant la glisse sur les vagues, le surf possède une histoire ancestrale et demeure à la base de la plupart des activités nautiques qui se sont développées au cours des 50 dernières années. Si l’imaginaire collectif associe les origines du surf à l’archipel hawaïen, les premières descriptions d’hommes glissant debout sur des vagues proviendraient étonnament d’une zone bien différente du Pacifique, située à des milliers de kilomètres : le Pérou. Des vestiges de la période pré-inca (premiers siècles après J.-C.) permettent, en effet, d’observer des représentations de pêcheurs glissant debout sur de fines embarcations en roseaux appelées « caballitos de totora », encore utilisées aujourd’hui.
Difficile pour autant d’écarter le rôle essentiel joué par les îles hawaïennes dans la genèse du surf tant cette activité est ancrée dans la culture locale comme en témoignent les récits du navigateur James Cook et de son équipage lors de leur accostage en 1769. Cette activité prisée depuis le XVe siècle par les monarques locaux qui se déplaçaient sur des demi-troncs de bois de 5 mètres de long fut interdite au XIXe siècle par les colons américains (pour des raisons de mœurs) puis refit surface en 1907 sous la plume de Jack London. L’écrivain offre une description saisissante des prouesses aquatiques d’un « beach boy » de la plage de Waïkiki, qui sera complétée quelques années plus tard par les démonstrations à travers le monde du légendaire surfeur et nageur olympique hawaïen Duke Kahanamoku, considéré comme le père du surf moderne.
Décennie après décennie, le surf s’implanta de façon discrète dans différentes régions du globe : la Californie, l’Australie, le Royaume-Uni et la France qui découvrit cette étonnante forme de glisse dans les années 50 lorsqu’un cinéaste californien eut la bonne idée d’emporter avec lui sa planche pour défier les vagues de Biarritz. Ce spectacle unique ne manqua pas d’inspirer une bande de pionniers locaux (baptisés un peu plus tard les « tontons surfeurs ») qui initièrent la belle histoire du surf tricolore.
La discipline se développa lentement dans les années 60-70-80 au fil des inventions voire des révolutions : le remplacement des constructions en bois par l’utilisation de matériaux composites (mousse, résine et fibre de verre) bien plus légers, l’apparition du leash (qui permet de relier le surfeur à sa planche en cas de chute), le raccourcissement des planches de 3-4 mètres à 2 mètres pour gagner en maniabilité, le remplacement des grandes dérives uniques par des montages plus sophistiqués de 2 (twin), 3 (thruster) ou 4 (quad) dérives plus petites.
Parallèlement, les contours de la « culture surf » mondiale se dessinaient de plus en plus clairement, puisant ses valeurs dans la contre-culture américaine et le flower power des 70’s. Outre la quête de sensations fortes, le surf représentait pour la poignée de passionnés concernés, une communauté fraternelle partageant une vision alternative du monde, un idéal à contre-courant avec des codes de la société bien-pensante qui les qualifiait volontiers de « marginaux » ou de « hippies ».
Bien que l’aspect sportif de la discipline soit devenu de plus en plus organisé et exposé grâce à l’instauration de compétitions puis d’un circuit mondial dès 1976, le surf continua à ne susciter qu’un intérêt très limité du grand public qui n’y voyait guère autre chose qu’un loisir étrange pour une jeunesse oisive en quête de sens.
Si Hawaï, la Californie et l’Australie parvinrent à intégrer progressivement le surf dans la culture populaire au cours des années 80-90, ce ne fut qu’au début des années 2000 que le vieux continent et notre cher hexagone aux 5 500 km de littoral, connut un attrait grandissant pour la glisse dans les vagues. L’offre commerciale florissante de matériel toujours plus accessible et le développement massif des écoles de surf calé sensiblement sur le modèle des écoles de ski, accompagna la croissance exponentielle du nombre de pratiquants. En moins de deux décennies, chaque plage de la côte devint un spot de surf potentiel avec sa communauté d’habitués. L’image marginale du surf de jadis s’inversa totalement pour devenir le sport à la mode que tout le monde voulait désormais essayer à tout prix. La discipline trouva rapidement une exposition médiatique sans précédent de par son utilisation récurrente dans les publicités de voitures, les dessins animés (surfs up)… et devint même une discipline olympique à Tokyo en 2021.
Il serait malgré tout impossible de concevoir le surf comme une entité unie et indivisible tant l’activité s’est elle-même compartimentée au cours de son développement, distinguant le shortboard (approche la plus radicale de la discipline réalisée sur des petites planches techniques) et le longboard (une approche plus orientée vers la glisse réalisée sur des planches de plus de 2,70 mètres). L’exploration des nouveaux terrains de jeu, présentant des vagues considérées comme inaccessibles (car trop grosses et trop rapides pour partir à la force des bras), incita les plus téméraires à recourir à l’assistance d’un jet-ski pour les lancer en « tow-in » à pleine vitesse sur des pentes d’eau vertigineuses. Dans sa grande épopée, le surf ne manqua pas d’inspirer des passionnés particulièrement inventifs qui lancèrent de très nombreuses pratiques complémentaires réalisées dans les vagues.
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Le bodyboard
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La plus célèbre planche de mousse rectangulaire est à la fois indissociable du développement du surf et dotée d’une identité culturelle qui lui est bien singulière. Bien que de nombreux autochtones polynésiens utilisaient depuis fort longtemps des morceaux en bois nommés « paipos » pour glisser allongés sur les vagues, la véritable invention du concept de bodyboard remonte au début des années 70 lorsque Tom Morey fabriqua artisanalement une courte planche en mousse, pour exploiter la puissance des vagues allongé et sans prendre le risque de se blesser comme avec un surf pointu. Après une mise en production industrielle rapide, le succès commercial fut très vite au rendez-vous et le bodyboard attira une grande diversité de pratiquants peu aguerris, séduits par cette glisse très intuitive.
Si elle offre une formidable porte d’entrée vers le surf pour certains pratiquants, il serait néanmoins totalement absurde de cantonner cette discipline alternative à un simple jouet de plage car le bodyboard a su bâtir avec panache sa propre histoire sportive sous l’impulsion d’athlètes aussi talentueux que dévoués, comme Mike Stewart, Guilherme Tamega, Jeff Hubbard ou les Français Pierre-Louis Costes et Amaury Lavergne (qui ont tous remporté plusieurs championnats du monde). Indiscutablement plus accessible que le surf, la discipline n’en demeure pas moins spectaculaire tant les figures réalisées par les meilleurs sont aériennes et le fait de ne pas avoir à se lever sur la planche comme en surf, autorise un engagement époustouflant dans des vagues dangereuses. Les bodyboarders ont toujours su tirer habilement profit des avantages de leur support et repousser les limites en explorant des vagues considérées jusque-là comme insurfables car trop creuses et méchantes. Ce fut le cas de la célèbre vague tahitienne de Teahupoo dans les années 90 (devenue le site des JO de Paris en 2024) ou encore Shark Island en Australie, El Fronton à Gran Canaria et de très nombreux autres « slabs » à travers le monde.
Si la cohabitation n’a pas toujours été simple sur certains spots, le bodyboard et le surf ont, comme deux frères, leur destin étroitement lié pour toujours et s’enrichissent mutuellement dans leur évolution.
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Le stand up paddle
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Utilisé il y a plus d’un siècle par les beach boys hawaïens de la plage de Waikiki pour se déplacer facilement et surveiller les baigneurs, l’usage d’une pagaie debout sur une planche (stand up paddle ou SUP) n’a véritablement été connu du grand public qu’à partir de la fin des années 90. À cette époque, deux watermen hawaïens de renom, Laird Hamilton et Dave Kalama, utilisaient de grandes planches de surf tandem et des pagaies de pirogue pour se déplacer en pleine mer et glisser debout au gré du vent et de la houle (pratique downwind). Il fallut à peine quelques années de plus à ces deux pionniers pour expérimenter leurs nouveaux supports dans les vagues et démontrer à travers le monde l’intérêt de leur nouvelle discipline : exploiter des vagues peu accessibles du bord, moins peuplées et parfois pas assez puissantes pour s’amuser en shortboard.
Le SUP impressionne par sa glisse infinie, ses trajectoires amples et majestueuses. Il séduit également de nombreux pratiquants par sa capacité à prendre facilement des vagues sans devoir apprendre à se lever comme en surf. Le succès populaire est rapidement au rendez-vous et le milieu des années 2000 voit le nombre de pratiquants dans les vagues augmenter fortement en France et à travers le globe, à mesure que le marché se structure et le design des planches se précise.
Alors que le stand up paddle continue à se développer de façon exponentielle en diversifiant ses pratiques (balade sur eau plate, course, pêche…), le SUP-surfing s’implante petit à petit sur la plupart des spots de surf reconnus, non sans quelques tensions et incompréhensions initiales avec les habitués. Sur le plan sportif, la discipline progresse à vitesse grand V avec l’organisation rapide d’un circuit mondial qui réunit promptement les meilleurs athlètes comme le Brésilien Léco Salazar ou le prodige Hawaïen Kai Lenny sur des vagues de renom : Sunset (Hawaï), Sapinus (Tahiti), Anglet/La Torche (France), Huntington (USA). Les planches se raccourcissent de saison en saison et les trajectoires sont de plus en plus radicales, les manœuvres engagées dans les sections creuses des vagues. Une scission (virtuelle) se met progressivement en place entre les adeptes d’une approche radicale « short SUP » et les promoteurs d’une approche « Long-SUP » plus classique inspirée du longboard, avec des manœuvres d’équilibre sur le nez de la planche (nose-riding) et de grandes courbes puissantes.
Si après dix ans de croissance, le SUP-surfing a connu un léger ralentissement ces dernières années alors que certains pratiquants se sont tournés vers le foil, cette discipline reste malgré tout solidement ancrée dans le « paysage surfistique » aux quatre coins de l’hexagone et du monde. Ouverte aux autres pratiques nautiques et davantage en quête de convivialité que de performance, la communauté de SUP-riders passionnés s’est construit une réelle identité en marge du surf traditionnel.
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Le wave-ski
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À mi-chemin entre surf et kayak, le wave-ski est une discipline d’origine australienne qui était initialement utilisée par les sauveteurs locaux pour aller récupérer au large les baigneurs ou les surfeurs en difficulté. Il se pratique sur une embarcation ressemblant à une grosse planche de surf bien épaisse et assez courte où le pratiquant rame avec une pagaie double pale, assis sur un siège avec une ceinture et des cale-pieds à l’avant. Doté d’une mobilité particulièrement rapide sur l’eau pour aller chercher efficacement les vagues qui arrivent au loin, le wave-ski impose, du fait de la position assise, de réaliser une impressionnante manœuvre d’esquimautage (retournement sous l’eau) pour passer sous les mousses des vagues cassées et ne pas subir leur impact pour ramer vers le large. Si elle peut sembler un peu surprenante de prime abord, cette pratique légèrement en marge de la culture surf traditionnelle attire depuis plusieurs décennies une poignée de passionnés chevronnés qui ont su gagner le respect de tous à travers leur engagement dans les grosses vagues et la radicalité de certaines de leurs manœuvres.
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Le windsurf
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Sans aucun doute l’un des sports nautiques les plus spectaculaires et reconnus du grand public, le windsurf (ou planche à voile en français) puise ses origines dans une double culture entre le surf et la voile légère. Tout au long des années 60, au Royaume-Uni, aux USA et en France, différents ingénieurs aussi passionnés que créatifs (Chilvers, Darby, Loiselot), développent des concepts originaux permettant de fixer une voile sur une planche. Il faut attendre 1968 pour que deux américains, Jim Drake et Hoyle Schweitzer, finalisent le développement du concept breveté « windsurfer » en inventant le diabolo (jonction flexible du mat avec la planche) et le wishbone (barre d’accroche qui entoure la voile et la maintient en tension).
La production industrielle de cette ingénieuse planche à voile permit, au cours des années 70, d’envahir le marché américain puis l’Europe : Angleterre, Allemagne, Pays-Bas et France où de nombreux amoureux de l’océan furent immédiatement séduits par ce concept. Victime de son succès, la « windsurfer » connut une demande sans limites et inspira de grands constructeurs tricolores comme Dufour qui entrèrent eux aussi dans le marché.
Alors que le sport se diversifiait et connaissait une ascension fulgurante sur chaque plage du littoral, le matériel ne cessait de se développer en parallèle avec l’apparition d’innovations comme les cale-pieds (footstraps) et le harnais permettant aux pratiquants de naviguer en se fatiguant moins et dans des conditions de vent plus intenses. Les premières compétitions mondiales dans le milieu des années 70, mettent rapidement en lumière un jeune Hawaïen prénommé Robby Naish qui stupéfait le public par ses prouesses dans les vagues. Véritable icône qui a inspiré des générations entières de passionnés, le surdoué de Maui joua un rôle central dans le développement de la discipline pendant pas moins de quatre décennies et incarne aujourd’hui encore l’esprit windsurf originel.
Jusqu’au début des années 2000, la planche à voile connut un essor fulgurant en France (et ailleurs), touchant un public de plus en plus large par l’intermédiaire des clubs nautiques et d’infrastructures sportives formant de très nombreux jeunes et même de futurs champions olympiques comme Franck David (1992) ou Faustine Merret (2004). Le nombre de pratiquants ne cessait de croitre, les industries (comme le Français Bic sport) tournaient à plein régime, les grands évènements sportifs attiraient un vaste public et l’image de liberté du windsurf était reprise abondamment par de nombreux annonceurs (tabac, alcool, automobile, etc.). L’âge d’or du windsurf.
Concurrencé par d’autre disciplines cousines comme le kitesurf, le SUP ou même le surf, devenues toutes bien plus accessibles, l’engouement autour du windsurf connait un très net ralentissement au cours des deux décennies suivantes. L’image si attractive de ce sport fut légèrement ternie mais il en fallait largement plus pour détourner la passion absolument intacte d’une large communauté de fidèles windsurfers qui se moque des modes et ne manque jamais une occasion de naviguer surtout si le vent souffle fort et que les vagues sont au rendez-vous. Que ce soit à travers des sauts d’une hauteur phénoménale ou des manœuvres particulièrement radicales exécutées en surfant, la pratique du windsurf dans les vagues continuera à impressionner et occuper une place réellement incontournable sur de nombreux spots du littoral.
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Le kitesurf
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Bien qu’il soit considéré comme un sport nautique « moderne », l’association de la traction d’une aile de cerf-volant avec la glisse d’un surf, fut imaginée dans les années 60 par plusieurs inventeurs (Rosnay, Bridge, Strasilla) avant d’être réellement finalisée par les bretons Dominique et Bruno Legaignoux qui brevetèrent en 1984 le concept d’une structure gonflable courbée. Après la commercialisation de leur aile (associée à un bateau gonflable), le Français Emmanuel Bertin et le célèbre Waterman hawaïen Laird Hamilton décidèrent à la fin des années 90 d’utiliser ces ailes pour se déplacer debout sur une planche de surf dans les vagues de Maui. L’écho médiatique suscité par les images de cette nouvelle discipline incita rapidement d’autres passionnés créatifs comme Raphaël Salles ou Pete Cabrinha à s’impliquer à 200 % dans l’aventure kitesurf en développant du matériel commercialisé quelques années plus tard par leurs sociétés respectives F-one et Cabrinha. Au côté d’autres concurrents comme Naish, Takoon ou encore Slingshot, le marché du kitesurf se développa à une allure déroutante, tirant profit du modèle économique et des enseignements du windsurf, que les dirigeants connaissent parfaitement bien, pour y être impliqués depuis des décennies. Le kitesurf s’implanta très rapidement sur les spots d’Amérique et d’Europe attirant une clientèle majoritairement composée de windsurfers qui entrevoient dans ce nouveau sport une possibilité de naviguer bien plus souvent, lorsque le vent est trop faible (10-20 nœuds) pour réellement s’amuser en planche à voile. Le boom du kitesurf dans les années 2000 est sans précédent et malgré des prix relativement élevés, les ventes mondiales annuelles de matériel passent de 100 à 100 000 exemplaires entre 1997 et 2010. Porté par ce succès commercial, le sport évolue à vitesse grand V avec différentes disciplines bien identifiables : le freestyle (consistant à effectuer des manœuvres), la race (consistant à réaliser des courses sur des parcours) et la pratique « wave-riding » réalisée dans les vagues. Cette dernière puise son inspiration dans le shortboard et attire un nombre croissant de surfers expérimentés qui trouvent une opportunité idéale pour continuer à s’amuser dans les vagues malgré un fort vent de mer (on-shore ou side-shore) généralement très défavorable pour leur pratique initiale. De grands champions comme le cap-verdien Airton Cozzolino ou l’australien Keahi de Aboitiz, repoussent les limites de la discipline et s’imposent comme des références pour de nombreux aficionados en quête de sensations fortes.
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Le surf foil et le SUP foil
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Le monde des sports nautiques connait depuis une douzaine d’années, une véritable révolution avec l’apparition du foil, une imposante aile sous-marine qui se fixe sous la planche par un long mât et génère en avançant, une portance permettant de faire décoller la planche au-dessus de l’eau. Dénuée de presque tout frottement avec l’eau, cette glisse 2.0 offre des sensations de vitesse absolument inédites et ouvre des perspectives totalement nouvelles. Initialement développés dans les années 70 à 90 autour de concepts originaux volants « air chairs » tractés par un bateau, les premiers hydrofoils (en aluminium) furent ensuite adaptés par Laird Hamilton et ses acolytes hawaïens, sur une planche de surf tractée par un jet-ski. Observant les innombrables possibilités offertes par ces appendices pour maximiser la glisse et exploiter en plein océan des vagues qui n’avaient pas encore déferlé, des personnages visionnaires comme Rush Randle ou Mango Carafino poussèrent le développement en l’adaptant au windsurf et au kitesurf sur eau plate grâce à l’utilisation de matériaux plus légers comme le carbone.
Le foil s’invita sans trop attendre dans les vagues des spots sous l’impulsion du SUP-rider (et windsurfer) tricolore Bruno André qui développa discrètement le concept de SUP-foil en Bretagne dès 2010. C’est véritablement en mai 2016 que l’ensemble de la « planète surf » découvre, avec stupéfaction, l’usage du foil dans les vagues à travers une vidéo postée par le prodige hawaïen Kai Lenny sur les réseaux sociaux où équipé d’un foil, il survole en SUP des clapots générés par le vent. L’onde de choc est colossale et laisse la plupart des passionnés perplexes et envieux à la fois. Quelques mois plus tard, Kai Lenny récidive en montrant des images tout aussi hallucinantes de vagues surfées (à la rame) avec un surf équipé d’un foil. Quelques mois après le lancement du SUP-foil, le surf foil vient à son tour d’éclore juste devant nos yeux.
Dès lors, la machine est lancée et de très nombreux pratiquants des différentes disciplines nautiques, rêvent d’essayer à leur tour de goûter à cette glisse suspendue en l’air. Les constructeurs du marché s’empressent de développer du matériel dédié au foil pour satisfaire la demande sans limite. De nouvelles marques se créent, d’autres se renouvellent. L’offre s’étoffe en moins de deux ans avec du matériel de plus en plus facile et performant qui remplace déjà les premières générations, beaucoup plus exigeantes.
L’utilisation du foil sous un SUP ou un surf permet dès lors d’ouvrir de nouvelles portes et d’exploiter, avec un maximum de glisse et de vitesse, des vagues minuscules voire des clapots, totalement insignifiants auparavant. Une fois la planche en l’air, le pratiquant réussit à puiser uniquement l’énergie qui se trouve sous la vague pour évoluer pendant de longues minutes, connectant même plusieurs vagues sans s’arrêter. Le vent thermique provenant de la mer (On shore) qui dégrade le plan d’eau pour la pratique du SUP ou du surf, devient peu problématique en foil puisqu’on évolue au-dessus de l’eau, sans contact avec le clapot.
Si l’apprentissage de ces nouvelles pratiques originales peut parfois sembler long et risqué en raison des caractéristiques du matériel, la récompense est clairement à la clé. Les adeptes du foil dans les vagues sont de plus en plus nombreux sur les différents spots et il y a fort à parier qu’aucun d’eux ne regrette d’avoir choisi d’explorer cette voie.
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Le wing foil
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Dernière-née des activités nautiques incontournables. Les prémices du wing foil remontent pourtant aux années 80 avec les premiers prototypes d’ailes tenues à bout de bras. Des pionniers visionnaires, comme l’américain Jim Drake (inventeur de la planche à voile) ou le français Roland le Bail conçurent chacun de leur côté, une aile primitive munie d’armatures métalliques. Associées à un gros flotteur sous les pieds pour naviguer sur l’eau, ces inventions ne parvinrent malheureusement pas à convaincre les principaux acteurs du marché. La très faible puissance générée par cette aile de petite envergure ne suffisait vraisemblablement pas pour tracter efficacement la planche sur l’eau, même par vent fort.
Après 35 ans en dormance, la wing fera un retour fracassant sur le devant de la scène au printemps 2018 à Maui (Hawaï), portée par le kitesurfeur Flash Austin qui eut l’idée d’y associer une autre innovation récente : le foil. En maintenant la planche au-dessus de l’eau et en réduisant drastiquement les frottements par rapport à un flotteur classique, le foil rendit alors la faible puissance de traction d’une aile de wing largement suffisante pour se déplacer. Le wing surf prenait officiellement son envol attirant très rapidement les convoitises de nombreuses personnalités curieuses du kitesurf ou du windsurf comme Ken Winner (designer des ailes de kite Duotone) et son ami Sky Solbach qui travaillèrent d’arrache-pied, comme d’autres marques, s’empressant de développer et commercialiser un premier modèle de wing produit à grande échelle.
Le wing foil se répandit comme une trainée de poudre à travers l’hexagone et la planète entière, au cours de l’été 2019. Les revendeurs eurent vite de grandes difficultés à contenter la très forte demande de la clientèle, particulièrement impatiente de tester cette nouvelle discipline si prometteuse. Très vite les premiers pratiquants issus du kitesurf ou du windsurf furent bluffés par la très large plage d’utilisation et sa facilité de mise en œuvre. Transportée dans un sac à dos, l’aile se gonfle en quelques minutes sur la plage et une fois le foil vissé sous la planche, il est possible d’aller naviguer presque n’importe où, dès que le vent souffle à plus de 10 nœuds.
Passées les premières sorties périlleuses, la phase de progression est impressionnante, voire grisante pour la plupart des nouveaux adeptes. La glisse procurée par le foil, la sensation de maniabilité et la facilité à attraper des vagues ou des trains de houle au large sont autant d’atouts inégalables pour cette discipline du XXIe siècle qui ne semble connaitre aucune limite. Il suffit d’observer les meilleurs athlètes du circuit mondial (GWA) chevaucher des vagues infinies ou réaliser des sauts d’une amplitude phénoménale pour en être convaincu.
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À travers le surf, le bodyboard, le stand up paddle, le wave-ski, le windsurf, le kitesurf, le surf foil ou encore le wing foil… il est facile de percevoir l’extraordinaire développement de la glisse dans les vagues et sa très grande diversité. Au-delà d’un cloisonnement strict entre les disciplines et les cultures, il est fort intéressant de constater de plus en plus de mixité dans les pratiques avec de nombreux pratiquants adoptant plusieurs supports complémentaires leur permettant de s’adapter aux conditions changeantes du milieu naturel (houle, vent, marée) et d’augmenter fortement le temps passé sur l’eau. L’avenir des sports nautiques de glisse est difficile à prévoir mais il y a fort à parier que de nouvelles pratiques continueront à émerger et viendront réinventer la façon de dompter les vagues.
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