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Figaro Nautisme : Quel est votre parcours professionnel ?
Jérôme de Metz : « J’ai un parcours d’entrepreneur en ayant touché à des choses assez diverses. J’ai par exemple produit du vin en Chine pendant plusieurs années. Ensuite, j’ai travaillé dans beaucoup de secteurs notamment dans le private equity et l’asset management. Dans ce secteur, je suis un pionnier car j’ai démarré il y a 30 ans. A travers ce travail, j’ai découvert d’autres métiers en rachetant quelques 170 entreprises. Je viens d’un métier qui consiste à faire de la stratégie d’entreprise et à fédérer des équipes autour d’un projet commun ambitieux. Je suis un amoureux de la vie en ayant eu des parcours parallèles. J’ai eu des positions d’administrateur indépendant dans des entreprises ou des familles que j’ai accompagnées longtemps et avec qui j’ai été très fidèle. Je connaissais Yves Lyon-Caen (NDLR : du Groupe Bénéteau, Président de la FIN) depuis longtemps et de fil en aiguille il m’a présenté la famille Beneteau-Roux. De là, on m’a proposé de rejoindre le Conseil d’administration avant d’en devenir le Président… »
Et l’industrie du bateau ?
« J’ai passé plusieurs mois au sein du groupe en étant Président non exécutif. J’ai rencontré beaucoup de personnes, parce que ma conception du métier d’administrateur est d’apporter une expertise utile au conseil et de connaître les gens et de les comprendre. Pour cela, il faut visiter les usines, aller dans les salons… Ma surprise a été de voir que le personnel ne travaillait pas toujours ensemble, un peu comme une fédération de PME. De là, est née l’idée de travailler différemment pour l’intérêt supérieur du groupe. C’est ma vision des choses. Nous allons gagner en efficacité en ayant une vraie stratégie par segment. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire parce qu’il faut composer avec les usines, les réseaux et parce qu’il faut que chaque réseau ait suffisamment de produits pour s’épanouir sans que ses produits soient en concurrence les uns avec les autres. C’est assez "touchy" mais je pense que l’on possède une équipe extrêmement puissante… »
Votre stratégie va mettre un certain temps à porter ses fruits ?
« On travaille vraiment sur cette stratégie mais on ne se met pas de pression. Quand ce sera prêt, ce sera prêt ! Pour vraiment s’en rendre compte sur les salons nautiques et dans les comptes, il y aura un petit délai. Entre l’idée et l’arrivée du produit sur l’eau, deux années s’écoulent. Là nous travaillons déjà pour 2021 ! »
Comment allez-vous composer avec l’aspect très international de Bénéteau ?
« Nous sommes très connus à l’international. Le Groupe et les marques sont très puissantes en Asie, où nous sommes les pionniers. Aux Etats-Unis, nous sommes très puissants et les marques sont très connues. Ce qui m’intéresse, c’est de faire réussir mes équipes ! »
Le marché français ne représente que 15% environ de votre chiffre d’affaires. Ce qui est un relativement faible par rapport à votre histoire. Comment expliquer le fait que le petit bateau, rendu populaire grâce à Bénéteau, n’arrive plus à se vendre comme jadis ?
« En fait, nous avons beaucoup grossi à l’étranger. C’est ce qui explique cette différence. Le petit bateau se vend encore très bien en France, notamment auprès de la clientèle des pêcheurs, mais nous avons surtout connu une forte croissance à l’étranger. Et on a également racheté des marques américaines (NDLR : Four Winns, Glastron, etc.). »
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Retrouvez l'intégralité de notre entretien avec Jérôme de Metz dans notre hors-série Collection 2020 en ligne !