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Comment est née l’aventure SeaBubbles ?
« Après le record mondial de vitesse à la voile à plus de 50 nœuds (en 2009), j’ai souhaité traverser un océan. J’ai vendu mon appartement parisien pour m’installer pendant un an à San Francisco et ensuite j’ai effectué cette traversée entre Los Angeles et Hawaï. A ce moment là, je me souviens d’une phrase du Prince Albert II de Monaco qui disait : les records n’ont plus vraiment de sens, ce qui compte c’est de raconter une histoire. L'une est portée par le soleil, l’autre par le vent car je suis allé à la rencontre de Bertrand Piccard (aéronaute suisse). Sur cette traversée, j’ai eu un choc car je me suis retrouvé sur un mer de détritus, c’était épouvantable. En arrivant à Hawaï, mes trois filles m’ont dit que ce je faisais ne servait à rien, je devais me rendre utile pour la planète. Vouloir aller plus vite était très bien pour mon ego mais ne servait à rien ! J’ai eu un véritable déclic. On va le faire sans polluer, sans bruit et sans vagues. Faire voler un bateau permet de diminuer de 30 à 40% les frottements ou les freins. Le projet SeaBubbles est né sur ce ponton à Hawaï avec mes filles et Bertrand Piccard…»

Et la suite du projet ?
« J’ai créé cette start-up puis on a rapidement démarré avec des prototypes de taille réduite aidé par des amis à la retraite de Dassault (Groupe Figaro) et Airbus. Anne Hidalgo nous a manifesté son soutien car dans la capitale française il n’y a sur l’eau que des bateaux avec de gros moteurs diesel. La Maire de Paris a navigué à bord mais le prototype manquait encore un peu de stabilité et on n’arrivait pas à régler la vitesse de décollage puis le passage dans le clapot. On a dû passer aux commandes de vol électriques, comme sur un avion, avec des foils en T. Pour ce type de projet et de dessins, tout se fait au caran d’Ache et se termine sur Catia (NDLR : logiciel informatique CAO 3D). Cette étape de commandes de vol électriques a vraiment été décisive, le bateau fonctionne parfaitement même avec des personnes de forte corpulence à bord ou alors avec un fort vent de travers.

Par la suite, j’ai eu une divergence avec mon associé suédois de l’époque et mon équipe, sur l’autonomie du SeaBubbles. On ne peut pas vendre cet engin 200-250 000 euros avec une ou deux heure(s) d’autonomie. De ce constat sont arrivés de nouveaux actionnaires et un nouveau business-plan pour basculer vers l’hydrogène qui est le pétrole de demain. Pour 3-4 minutes de charge du SeaBubbles, vous allez obtenir 2h30 d’autonomie… »

Quand pourrons-nous voir des SeaBubbles en activité ?
« A ce jour, nous avons déjà eu six ventes signées : quatre en France (dont une à Lyon) et deux en Suisse. D'ici l’été, nous aurons eu 20-25 commandes fermes. Les marchés importants pour nous sont les Etats-Unis et les Emirats arabes unis mais nous avons aussi des discussions en cours avec plusieurs pays. On nous réclame aussi des bus, c’est-à-dire des SeaBubbles plus grands en termes de capacité d’accueil. J’ai donc dessiné un FlyBus, une unité de 12 places avec toujours des commandes de vol électrique et des foils rétractables. Le SeaBubbles a bien pris son envol et on pense déjà à des versions FlyBus de 12, 32 ou 48 places notamment pour les Etats-Unis sur Miami et San Francisco. Ce sont des unités qui volent et sont alimentées en hydrogène. »

Comment s’organise la fabrication des SeaBubbles ?
« J’ai souhaité rapatrier la fabrication en France, particulièrement dans la région Rhône-Alpes-Auvergne et je m’y suis engagé. Notre bureau d’études est installé à Annecy (Haute-Savoie) au bord de l’eau et je viens d’embaucher plusieurs personnes pour accélérer notre activité. Ce projet est l’activité de demain car on ne peut pas opposer l’économie à l’écologie. »

Comment voyez-vous le futur dans ce domaine ?
« L’avenir du transport fluvial, c’est pas de bruit, pas de vagues et pas de pollution ! Cela devient un enjeu important pour toutes les grandes villes du monde entier. D’une manière générale, tous les bateaux de transport de passagers voleront dans les années futures ! Je suis porteur d’une idée qui me dépasse... »