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Comme s'est passée la saison estivale pour Dream Yacht Charter ?
"L’été 2022 a été, après un excellent printemps, excellent aussi, dans la ligne de l’été 2021, avec des taux d’occupation en haute saison de 95% en Méditerranée, voire quasi 100% certaines semaines en Grèce et Croatie. Seule ombre au tableau : l’évènement climatique en Corse en août, ce qui a endommagé et immobilisé quelques bateaux pour la fin de la saison, ce qui n’était bien sûr pas prévu. On a eu 7-8 bateaux touchés dont 2 en perte totale. Les enseignements sont que nous sommes revenus, en termes d’activité, à un chiffre d’affaires non seulement égal à 2019 mais supérieur : on devrait faire 115 millions d’euros en chiffre d’affaires net pour l’activité location de bateaux alors qu’en 2019 on était à 103. On est déjà largement au-dessus avec 17% de bateaux en moins, un taux d’occupation plus élevé et un revenu moyen par semaine (toute période, toute destination) qui est aussi plus élevé : on était légèrement au-dessus de 4 000 euros, et aujourd’hui on est à 4 800 euros. Cela combiné à une occupation plus élevée, cela permet de faire largement mieux qu’en 2019, avec 200 bateaux de moins. Aujourd’hui nous avons 839 bateaux en exploitation sur une quarantaine de base, alors qu'en 2019 nous avions 1040 bateaux sur 47 ou 48 bases."
Ces dernières années vous avez ouvert plusieurs bases, sont-elles toujours en activité ?
"Nous avons ouvert plusieurs bases pendant le covid et nous les avons toutes gardées, sauf Key West en Floride pour des problèmes opérationnels. La marina qui nous accueillait a décidé de fermer ses portes aux activités de charter. Nous avions également des grosses difficultés de recrutement de personnel et un haut taux de sinistralité, la navigation étant compliquée dans les Keys. Pour toutes les autres bases aux Etats-Unis (Newport, Rhode Island, Lac Champlain), l’activité a augmenté. Pendant la période covid, certaines bases se sont bien développées et continuent de le faire, par exemple La Paz au Mexique. A contrario, les bases des Îles Vierges américaines ont baissé en activité après le covid au profit des Îles Vierges britanniques, car une fois les contraintes covid levées, la clientèle est revenue aux BVI."
Et concernant les Antilles et les destinations lointaines ?
"Nous avons fait une très bonne saison aux Antilles, on est sur une progression par rapport à 2019 de +35% actuellement sur la zone Antilles-Amérique, avec progression plus forte sur Guadeloupe et Saint-Martin, que sur la Martinique. C’est reparti plus tardivement notamment à cause des Grenadines et leur politique covid, il y avait plus de restrictions.
Concernant les destinations exotiques, plus lointaines, mon intuition est que la forte augmentation des prix aériens ne peut pas rester sans conséquences. Pour les destinations lointaines, celles qui vont voir leurs coûts d’approche augmenter, nous attendons un ralentissement, pour la Polynésie par exemple. Mais ce sont tout de même des marchés de niche, avec une clientèle pour laquelle une augmentation des billets d’avion aura un impact moins fort (d’autant que les billets étaient déjà chers pour la Polynésie) que pour une clientèle milieu de gamme pour qui l’augmentation de 200 euros sur un billet pour les Antilles sera plus sensible."
Avez-vous constaté une demande en hausse pour les locations avec skipper ces dernières années ?
"Il y a de plus en plus de nouveaux locataires qui n’ont jamais navigué et ont donc besoin d’un skipper. C’est une tendance qu’on sentait depuis quelques temps déjà mais avec la covid, elle s’est accélérée car il y a eu un coup de projecteur donné sur les loisirs de plaisir, loin des foules… notre activité coche toutes les cases et on a attiré une clientèle nouvelle avec une forte accélération de la demande, sans que l’on soit préparé. Cela a fait ressortir de façon encore plus flagrante un manque de formation des équipages aux métiers du tourisme, et plus généralement, un manque d’offres de skippers et d’hôtesses, pour répondre à la demande actuelle. Nous avons donc un double problème : quantitatif, pas assez de marins, et qualitatif, on a besoin de mettre en place des cursus de formation, au-delà des diplômes légaux. Sur un catamaran à voile, un skipper c’est comme un G.O. dans un Club Med : il fait l’animation, le guide… il y a une vraie fonction touristique. Ce n’est pas juste barrer, il a un vrai rôle de guide (où voir des dauphins, où faire du snorkeling, du paddle…). Tout cela nécessite des gens formés et entraînés qui connaissent la zone."
Quelle est la proportion monocoque/multicoque dans la flotte de bateaux en location Dream Yacht Charter ?
"La proportion est de 30/70 % pour les monocoques VS les multicoques. La tendance s'accentue car il y a 10 ans elle était de 40/60%. Ce qui est logique quand on regarde la vente de bateaux, qui est 80% de catamarans contre 20% de monocoques."
Les problématiques de développement durable, le "green", sont plus que jamais des sujets incontournables : qu'en est-il chez Dream Yacht Charter ?
"Nous sommes déjà engagés dans une démarche en interne. Nous sommes en train de réaliser un biilan carbone de Dream Yacht Charter. Ensuite, nous avons des objectis et notamment l'abandon du moteur thermique au plus tard en 2030. Les prochains bateaux que nous achèterons seront électriques mais pour cela, nous sommes tout de même tributaires des chantiers. D’autant qu’on a besoin de commander des dizaines de catamarans à la fois, contrairement à un particulier. Au-delà de cela, nous mettons en place des systèmes de filtration des eaux grises et noires, de l’eau de mer pour diminuer la consommation de plastique... Puis nous faisons de la sensibilisation auprès de nos clients : nous les encourageons par exemple à aller se mettre sur des corps-morts plutôt que d’ancrer… C’est une succession de petites choses. Malgré tout cela, les bateaux sont en plastique... Je crois plus en une démarche vertueuse en changeant les habitudes de nos personnels et de nos clients."
Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre programme de "Propriété Partagée" ?
"Historiquement, Dream Yacht Charter propose des programmes de management avec lesquels vous achetez un bateau qui est exploité sur une base DYC et vous avez à la fois un revenu issu de la location et des semaines de jouissance, avec la possibilité de les prendre n'importe où dans le monde, sur un bateau identique. C’est le business model historique. Avec la covid, nous nous sommes rendu compte qu’une partie de la population n’était pas forcément intéressée par un déplacement moyen ou long courrier mais souhaitait faire du bateau près de chez elle, quand bon lui semble. Mais pour autant, soit parce qu'elles trouvent que c’est dommage d’immobiliser autant d’argent, soit parce que c’est trop cher, ces personnes se disent que posséder un quart d’un bateau c’est suffisant, avec une dizaine de semaines d'utilisation par an.
Donc nous avons mis en place un programme, qui est un peu l’opposé de celui qu’on vendait jusque-là : vous avez une part sur un bateau basé près de chez vous, ou là où vous aimez naviguer, sachant qu’on apporte le service habituel DYC (entretien du bateau et conciergerie), vous fixez vos semaines et quand vous arrivez, le bateau est prêt. Le bateau est alors en copropriété avec 3-4 copropriétaires. Et à la fin, vous revendez le bateau au bout de 6 ans."