
Le marché de la plaisance se porte bien. Il surfe sur un engouement pour la liberté et les grands espaces. Néanmoins, après deux années d’un exceptionnel dynamisme à la suite du confinement sanitaire, les petits signes de ralentissement ont été observés en 2023. La tendance au fléchissement semble se confirmer pour 2024. « Nous avons observé un repli sur les prises de commandes de bateaux au printemps dernier », indique Jean-Paul Chapeleau, le président de la Fédération des Industries Nautiques (FIN). Trois raisons expliquent le recul des ventes - qui ne concerne pas les voiliers de voyage mais les petits bateaux à moteur, souvent achetés en leasing et à crédit - : la spectaculaire augmentation des prix, les difficultés d’accès au crédit avec la hausse des taux d’emprunt et enfin parce qu’après avoir connu un pic d’activité, il est normal de vivre un retour à la normale.
Loïc Bonnet, le patron de Dream Yacht Worldwide, poids lourd du tourisme nautique mondial, fait le même constat. « Les prix ont augmenté de 40 %, soit beaucoup plus vite que l’inflation. De plus, le coût du financement a doublé et les gens préfèrent attendre car il n’y a rien de moins urgent que d’acheter un nouveau bateau. » Il est un client important des grands chantiers français. « Nous avons vendu 119 bateaux en 2023 pour un chiffre d’affaires de 220 M € », précise le fondateur.
Une saison qui s’allonge
L’entreprise vend des navires assortis de contrats de management. « Les propriétaires mettent leur bateau à disposition des adhérents contre un revenu qui leur permet de couvrir une partie du coût d’acquisition. Ils peuvent naviguer sur ceux des autres basés partout dans le monde. » Ce mode de loisir serait en progression constante. « Les progrès réalisés par les constructeurs dans le confort des navires permettent de séduire au-delà de la traditionnelle clientèle des voileux ». Salle de bains, clim’, espaces de rangement… on est loin des conditions de navigation aventureuses d’un Bernard Moitessier. « De plus, depuis deux-trois ans, la saison commence plus tôt et finit plus tard. Les gens n’hésitent pas à partir au printemps, à l’automne ». L’activité de l’entreprise, créée en 2000, est habituellement cyclique. « Quand la tendance est baissière au niveau des ventes, les locations compensent. Nos clients sont à 50 % originaires d’Amérique du Nord, 45 % d’Europe et 5 % d’Océanie. La répartition est la même pour les ventes. » Cette branche fonctionne bien mais une ombre plane. Contrairement à l’immobilier, la montée des prix combinée à celle des taux ne fait pas automatiquement croitre le marché du locatif. En cause : la hausse du prix des billets d’avion. « L’été 2023 dans les Caraïbes n’a pas été bon dans le moyenne gamme à cause de l’aérien », témoigne Loïc Bonnet
Pas d’inquiétude pour la FIN
Face aux petites complications qui s’annoncent, le président de la FIN n’en est pas au stade de la préoccupation. « Il est possible que ce ne soit pas une phénomène de long terme car l’évolution à la hausse du prix des bateaux s’est heureusement arrêtée. Et on aura peut-être de bonnes nouvelles du côté des taux d’intérêt à l’horizon 2025, explique Jean-Paul Chapeleau. Mais nous serons très vigilants en début d’été. Les chantiers ont vu venir le ralentissement et ont adapté leur capacité de production. » Selon le responsable, les emplois ne sont pas menacés, même si l’embauche d’intérimaires devrait ralentir. « Les constructeurs ne vont pas se séparer des salariés, mais plutôt trouver des accords pour mieux gérer les temps de travail. » La FIN ne remet pas en cause sa campagne « L’équipe nautique recrute » lancée l’année dernière. « Il y a un consensus sur le fait de ne pas se séparer d’effectifs car il est toujours compliqué de réintégrer du personnel, le reformer. On n’est pas en train d’envisager un marché qui irait vers le bas sur deux à trois années difficiles. Il y aura même des embauches dans certains métiers c’est sûr ! »
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