Vendée Globe : la flotte menée par Goodchild, bientôt ralentie

Par Figaronautisme.com

Le skipper britannique, récompensé pour sa persévérance et son audace, a pris les commandes de la course hier soir. Il domine le classement et compose désormais un trio avec le précédent leader Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 2e à 42 milles) et Thomas Ruyant (VULNERABLE lui aussi, 3e à 61 milles). La flotte va une nouvelle fois être ralentie par des zones sans vent tout au long de la journée, obligeant chacun à tout faire pour profiter du moindre nuage et de la moindre rafale, avec le Pot-au-Noir en ligne de mire.

Un nouveau jour en mer débute pour les skippers du Vendée Globe et c’est déjà le huitième. La première semaine ? Un scénario complètement fou, concentré de suspense, de changement de leaders, d’émotions en tout genre et de stress en pagaille. « C’est passé très vite et en même temps c’était super intense », sourit Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef). « C’était riche, varié, hyper tactique et stratégique », poursuit Benjamin Dutreux. Le skipper de GUYOT environnement – Water Family s’est chargé du « teaser » pour la suite : « et attention, le reste de la course s’annonce tout aussi passionnant ! »

« La libération n’aura pas lieu avant 24 heures »

Après plus de 1900 milles parcours (3518 km), la flotte est désormais étirée sur 740 milles en latérale entre le plus à l’Ouest et le plus à l’Est. On observe une constante depuis le début de la nuit : le vent est très faible et à nouveau, il faut prendre son mal en patience. « La flotte ne devrait pas retrouver un vent conséquent avant demain midi pour ceux qui sont le plus à l’Ouest, assure Jacques Caraës à la direction de course. Là, c’est encore très léger, la libération n’aura pas lieu avant 24 heures. »

À être ainsi engluées dans la molle, les forces en présence devraient être globalement figées. Les deux le plus à l’Est, Jean Le Cam (Tout commence en Finistère - Armor-lux) et Conrad Colman (MS Amlin), tentent de se frayer un chemin en longeant les côtes africaines. « Le positif, c’est qu’ils récupèrent un flux de Nord, décrypte Jacques. En revanche, ils vont devoir se repositionner et empanner pour atteindre le Pot-au-Noir ».

Un « petit tiercé » en tête de course

Pour les autres, situés davantage à l’Ouest, le positionnement pour le Pot-au-Noir se rapproche de la route directe. En tête de course, c’est un trio qui se détache désormais, « un petit tiercé » dixit Jacques. Sam Goodchild domine devant Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), aux commandes hier après-midi, qui progresse dans son Est, Thomas Ruyant (VULNERABLE) plus à l'Ouest. « Même si le vent est irrégulier, Sébastien a réussi à profiter des effets locaux pour faire l’élastique ».

S’il ne compte à 7 heures ce lundi matin que 42 milles d’avance sur Sébastien et 61 milles sur Thomas Ruyant, Sam Goodchild est le grand gagnant de la guerre de placement qui a accaparé la flotte ces derniers jours. Le skipper britannique a su faire preuve de patience en persévérant dans son option. Située plus à l’Ouest, Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef) décrypte :

« Les fichiers ne correspondaient pas forcément à la réalité et Sam a très bien géré ça. Il a su exploiter les bascules de vent au bon moment plutôt que d’attendre une bascule de vent à plus long terme. On est plusieurs à avoir attendu une rotation de vent qui a mis du temps à venir. Moi je commence seulement à en avoir depuis hier soir ». Justine Mettraux, Teamwork-Team Snef

Une attitude de leader ?

Dans une vidéo envoyée hier soir, Sam se filme devant le coucher de soleil. Il évoque la météo – « on a eu du grain, du vent, de la pluie » -, les petits trucs du quotidien – « j’ai pu prendre ma première douche et changer de teeshirt » - et la suite (« on est en train de filer vers le Sud »). En revanche, pas un mot sur sa nouvelle position de leader, même si on l’entend répéter « tout va bien » et assurer qu’il « est content d’être là ». Et si c’était ça, l’attitude d’un leader ?

Quoi qu’il en soit dans la flotte, personne n’ignore le talent du Britannique de 34 ans, touche-à-tout génial de la course au large. Éric Bellion (STAND AS ONE) a disputé une Transat Jacques Vabre avec Sam en 2015, 7e). Il fait partie de ceux qui ne sont pas surpris par l’audace et la persévérance du skipper VULNERABLE :

« Sam Goodchild, c’est Sam Goodchild. Dans mes pronostics, j’avais dit qu’il allait devenir le premier étranger à remporter le Vendée Globe. J’y crois dur comme fer. Je l’ai vu aux entraînements, j’ai navigué avec lui. Il prend les bonnes options, il va vite. C’est quelqu’un d’extraordinaire, un marin hors-pair. Il va aller très loin sur ce Vendée Globe ». Éric Bellion, STAND AS ONE - ALTAVIA

Il en faudra plus pour déconcentrer Sam, bien conscient que l’avantage du moment n’a rien d’un acquis et qu’il faudra se battre pour le conserver. En ligne de mire cette semaine, les skippers devront négocier le Pot-au-noir avant de continuer leur descente vers l’Atlantique Sud.

Des sentiments exacerbés

Si les marins se font tous à l’idée que l’aventure sera longue, ces derniers jours ont contribué à s’amariner, à s’habituer au large et à composer aussi avec l’éloignement des proches. « J’ai mis du temps à rentrer dans la course », confiait hier matin Damien Seguin (Groupe APICIL). « Moi, j’étais un peu à l’envers de tout, j’étais à côté de la plaque, je n'étais en phase si avec le vent, ni avec le bateau, ni avec moi-même, reconnaît ce matin Isabelle Joschke (MACSF). Tous ont pourtant réussi à aller de l'avant et retrouver le sourire. Éric Bellion (STAND AS ONE) a fait preuve de la même franchise. Ses mots ont presque une portée qui le dépasse : la plupart des skippers ont à nul doute été traversés par des sentiments identiques, entre la douleur des adieux et les petits bonheurs du large. Voici comme Éric l’a résumé dans un message vocal :

« La tristesse que j’ai ressentie en quittant ma famille a pris beaucoup de place et m’a empêché d’être totalement à ce que j’étais. J’ai dû redoubler de vigilance et faire les choses très simplement parce qu’une partie de moi n’était pas là. Désormais, c’est derrière moi. Je suis heureux, je suis à l’endroit où je veux être. J’ai l’impression d’être un énorme privilégié… Et je prends un plaisir de ouf ! » Éric Bellion, STAND AS ONE - ALTAVIA

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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