
1. L’étoile de mer, reine de la régénération
On connaît tous sa capacité à repousser un bras perdu, mais l’étoile de mer va bien au-delà : dans certaines espèces, un seul bras muni d’un fragment du disque central peut recréer un individu complet. Autrement dit, un morceau devient une nouvelle étoile. Cette prouesse en fait l’un des plus grands symboles du clonage marin. C’est aussi un avantage considérable face aux prédateurs : perdre un membre n’est pas fatal, c’est parfois le point de départ d’une nouvelle vie. Dans certaines régions, ce mécanisme permet même à des populations entières de se multiplier sans fécondation.
2. La méduse immortelle (Turritopsis dohrnii)

Cette petite méduse, à peine plus grande qu’un ongle, fascine les biologistes. Lorsqu’elle subit un stress, une blessure ou un changement brutal de son environnement, elle est capable d’inverser son cycle de vie et de revenir à l’état de polype. C’est un peu comme si un papillon redevenait chenille. Ce retour en arrière lui permet de recommencer sa croissance et de générer de nouveaux clones. Ce mécanisme, unique dans le règne animal, lui a valu son surnom de « méduse immortelle ». On la retrouve en Méditerranée et dans d’autres mers tempérées, où elle intrigue les chercheurs qui voient en elle une clé possible pour comprendre le vieillissement.
3. L’anémone de mer

Ces créatures aux couleurs éclatantes, qui ressemblent à des fleurs sous-marines, cachent un talent inattendu. L’anémone de mer peut se diviser en deux par un processus appelé fission. Chaque moitié cicatrise et devient un individu complet, génétiquement identique à l’original. En multipliant cette opération, elles créent de véritables tapis vivants capables de couvrir un rocher entier. Cette stratégie est particulièrement efficace dans les zones où la nourriture abonde, puisque les clones se regroupent et profitent ensemble des proies capturées par leurs tentacules urticants.
4. L’oursin

Chez plusieurs espèces, les larves d’oursins possèdent une particularité fascinante : elles peuvent se cloner spontanément. En se scindant, elles donnent naissance à des larves identiques, capables de se disperser plus largement dans l’océan. Cela multiplie leurs chances de survie dans un monde marin rempli de prédateurs. Pour les scientifiques, ce phénomène est aussi une manière pour l’espèce de tester son environnement : multiplier le nombre de larves permet d’augmenter les probabilités qu’au moins certaines atteignent l’âge adulte. C’est une stratégie qui mise sur le nombre, à la fois défensive et offensive.
5. Les coraux, bâtisseurs clonés des océans

Les coraux, souvent perçus comme de simples « pierres vivantes », sont en réalité des animaux qui excellent dans l’art du clonage. En se reproduisant par bourgeonnement, ils créent des colonies entières composées de clones. Chaque polype, minuscule créature qui compose le corail, se multiplie et contribue à bâtir la structure du récif. Cette duplication permet aux récifs coralliens d’atteindre des tailles gigantesques et d’abriter une biodiversité exceptionnelle. À l’échelle planétaire, cette capacité de clonage est l’un des piliers de la vie marine, car sans elle, les récifs ne pourraient pas croître à un tel rythme.
6. Le concombre de mer

Souvent discret, ce cousin des étoiles de mer et des oursins surprend par sa capacité de régénération. Certains concombres de mer sont capables de se cloner en se scindant en deux. Chaque partie repousse ensuite les organes manquants, recréant un individu complet. Ce mécanisme s’ajoute à leur étonnant réflexe de défense : expulser leurs viscères pour échapper à un prédateur, avant de les régénérer. Pour l’observateur, cela peut sembler spectaculaire, mais c’est une preuve supplémentaire de la plasticité de ces animaux marins qui ne cessent de défier la biologie classique.
7. La limace de mer (Elysia marginata)

Parmi les cas les plus extrêmes figure cette petite limace de mer verte, qui repousse les limites de l’imaginaire. Elle peut littéralement abandonner son corps et repartir de zéro à partir de sa seule tête. Le processus s’appelle l’autotomie : la tête reste vivante, continue de se nourrir de lumière grâce aux algues qu’elle a assimilées, et en quelques jours, un nouveau corps complet repousse. Le clone ainsi créé est une copie parfaite de l’individu initial. Pour les chercheurs, cette capacité frôle la science-fiction et ouvre des pistes sur la régénération cellulaire.
Ces animaux marins démontrent à quel point la vie a plus d’un tour dans son sac. Le clonage, loin d’être une simple curiosité, est une arme d’adaptation redoutable. Il permet de survivre face aux prédateurs, de coloniser rapidement un espace ou de contourner la reproduction sexuée lorsque les conditions sont défavorables. Dans les abysses comme dans les récifs, la duplication est un moyen pour la vie de s’assurer une continuité. La prochaine fois que vous croiserez une étoile de mer ou un récif corallien, imaginez les innombrables copies invisibles qui se cachent derrière leur apparente immobilité.