5 animaux marins qui dorment en nageant : les secrets d’un repos en mouvement

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Dans l’océan, le sommeil n’a souvent rien d’un moment immobile. Pour certaines espèces, continuer à avancer est une nécessité absolue : respirer, éviter les prédateurs, maintenir la flottabilité ou accompagner un jeune encore vulnérable. Ce repos en mouvement n’a rien d’un caprice biologique : c’est une adaptation millénaire à un environnement où s’arrêter peut coûter la vie.

Dans l’océan, le sommeil n’a souvent rien d’un moment immobile. Pour certaines espèces, continuer à avancer est une nécessité absolue : respirer, éviter les prédateurs, maintenir la flottabilité ou accompagner un jeune encore vulnérable. Ce repos en mouvement n’a rien d’un caprice biologique : c’est une adaptation millénaire à un environnement où s’arrêter peut coûter la vie.
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1. Les requins : quand nager devient une question d’oxygène

Contrairement aux images véhiculées par la culture populaire, seule une minorité de requins doit absolument nager pour survivre. Les espèces dites nageurs obligés, comme le requin mako, le requin-pèlerin, le grand requin marteau halicorne ou encore certains requins taupes, dépendent du flux d’eau traversant leurs branchies pour s’oxygéner. Chez eux, le « sommeil » correspond à une phase de ralentissement général, une nage plus linéaire et une réactivité affaiblie. À l’inverse, beaucoup de requins benthiques, comme les requins-nourrices ou les requins de récifs, peuvent dormir immobiles en pompant l’eau grâce à leurs muscles buccaux. Ces différences montrent à quel point le sommeil dépend de la physiologie propre à chaque espèce.

2. Les dauphins : un cerveau qui alterne pour ne jamais perdre le contrôle
Les dauphins maîtrisent l’un des phénomènes les plus fascinants du monde animal : le sommeil uni-hémisphérique. Une moitié du cerveau s’endort pendant que l’autre reste active, permettant de maintenir une nage lente, de remonter respirer volontairement et de rester attentifs aux mouvements du groupe. Cette alternance peut durer plusieurs heures, avec de longues dérives contrôlées. Les femelles accompagnées d’un nouveau-né dorment encore moins : elles nagent en continu pour aider le petit à rester à la surface, leur repos se résumant alors à des micro-phases cérébrales qui s’étalent sur tout le cycle nycthéméral.

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3. Les baleines à bosse : un sommeil fragmenté, souvent près de la surface
Chez les baleines à bosse et d’autres grands cétacés, le sommeil est court, irrégulier et très fragmenté. Elles alternent des phases brèves, parfois quelques minutes seulement, de flottement quasi immobile et de nage lente à faible profondeur. Ce comportement leur permet de conserver le contrôle de leur respiration volontaire, mais aussi de suivre des routes migratoires qui peuvent s’étendre sur des milliers de kilomètres. Certaines observations suggèrent un repos partiel du cerveau, comparable à celui des dauphins, mais avec une intensité moindre et une variabilité marquée selon l’âge, la saison et les déplacements en cours.

4. Les tortues marines : un repos qui dépend du voyage et de l’espèce
Les tortues marines ont une stratégie de sommeil très diversifiée. En pleine migration, elles alternent des phases de nage douce et des moments où elles se laissent porter par les courants, limitant leur dépense énergétique tout en conservant une trajectoire générale. Les tortues vertes privilégient des zones rocheuses pour se caler sous un relief où elles peuvent s’assoupir plusieurs heures, tandis que les tortues luths, mieux adaptées aux grandes profondeurs, descendent dans la colonne d’eau avant de remonter lentement pour respirer. Leur repos en mouvement n’est donc pas systématique, mais constitue une adaptation indispensable lors de longues traversées océaniques.

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5. Les thons et autres nageurs obligés : un repos minimaliste mais constant
Les thons, notamment le thon rouge, le thon albacore et le thon jaune, font partie des poissons incapables de s’arrêter totalement. Leur physiologie musculaire et leur système branchial exigent une nage permanente pour assurer une oxygénation suffisante. Leur repos s’apparente à une baisse d’intensité générale : trajectoire plus stable, nage moins énergique, réactions ralenties. Des espèces comme le maquereau ou l’espadon présentent des comportements similaires. Chez ces nageurs endurants, la frontière entre veille et sommeil est ténue, presque imperceptible sans mesures biologiques fines.

Dans les profondeurs comme en surface, un repos façonné par l’évolution

Dormir en nageant n’est pas une curiosité, mais une réponse directe aux contraintes de l’environnement marin. Entre respirer volontairement, éviter les prédateurs ou parcourir des distances immenses, ces animaux ont développé des stratégies uniques qui redéfinissent ce que l’on appelle « dormir ». Un monde où le repos n’est pas une immobilité, mais un mouvement maîtrisé, preuve supplémentaire que l’océan reste, encore aujourd’hui, un vaste laboratoire d’adaptations extraordinaires.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.