
Figaro Nautisme : Locaponton est une entreprise spécialisée dans la location de pontons, notamment pour les salons nautiques. Comment se spécialise-t-on dans ce domaine très particulier ?
Martin Lovambac : Mon parcours est assez atypique, car je ne me destinais pas du tout à travailler dans l’industrie nautique. Après des études de commerce en France puis au Canada, j’ai intégré l’entreprise familiale dans le secteur du ferroviaire, un univers éloigné du nautisme. Cette expérience, nous avons revendu l’entreprise en 2017, m’a permis d’acquérir de solides et nombreuses compétences transverses : un chef d’entreprise doit savoir tout faire.
J’ai ensuite travaillé dans le spatial et la défense puis le photovoltaïque en Afrique, tout en ayant en tête l’objectif de reprendre une PME. Beaucoup d’entre elles ne trouvent pas de successeur lorsque le dirigeant part à la retraite. Il m’a fallu cinq ans pour dénicher la pépite que je cherchais. Lorsque j’ai découvert Locaponton, l’évidence s’est imposée et tout s’est déroulé très vite. Je dirige l’entreprise depuis 2023.
Même si Locaponton constitue ma première expérience professionnelle dans le nautisme, cet univers m’est familier : ma mère était monitrice de voile et je navigue depuis l’enfance, en Optimist, en 420 ou en catamaran de sport. Aujourd’hui, je continue, notamment en kite et en planche, et je cherche un 420 pour retrouver les sensations du dériveur.
Figaro Nautisme : Pouvez-vous nous présenter l’activité de votre société ?
Martin Lovambac : Locaponton a été créé en 2007 par Jean-François Barrière, toujours actionnaire, et Michel Jallot. Leur idée : proposer aux organisateurs de salons nautiques et d’évènements des structures flottantes modulaires en location. À l’époque, ce marché était totalement nouveau. Notre premier client fut le salon nautique de Cannes en 2007, et notre collaboration se poursuit encore aujourd’hui.
Les salons nautiques représentent une part importante de notre activité, mais nous intervenons aussi pour des évènements majeurs, comme des départs et arrivées de courses au large ou encore les Jeux olympiques de Paris. Nous fournissons une prestation clef en main : installation des pontons selon des normes strictes de sécurité, présence en astreinte si nécessaire, démontage et remise des sites en parfait état. Le métier repose autant sur la technique que sur la qualité du service.
Nous stockons notre matériel sur deux sites, près d’Avignon et dans l’Eure, ce qui nous permet de rayonner sur toute la France. Leur entretien est essentiel : certains pontons ont plus de 15 ans et sont encore en parfait état. Le nettoyage d’un ponton peut prendre plus d’une heure, ce qui nous pousse aujourd’hui à développer une machine de lavage automatique pour réduire la pénibilité et optimiser le travail des équipes.
Notre expertise est souvent sollicitée pour concevoir des solutions spécifiques. Le marathon de Nantes, par exemple, nous a demandé une passerelle flottante de 325m de long, permettant à 20 000 coureurs de traverser l’Erdre. Sur les départs de courses au large, nous devons anticiper des conditions extrêmes, comme les 80 nœuds enregistrés au Havre pour la Transat Café l’Or cette année, et imaginer des solutions techniques inédites. La dimension conseil est donc centrale.
Enfin, nous proposons aussi des locations longue durée, notamment des terrasses flottantes pour hôtels ou restaurants, des piscines flottantes ainsi que des hébergements insolites.

Figaro Nautisme : Comment se passe la mise en place de pontons pour des salons aussi importants que le salon nautique de Cannes, par exemple ?
Martin Lovambac : Nous travaillons toute l’année sur le Cannes Yachting Festival pour ajuster nos solutions aux besoins des organisateurs, qui évoluent d’une année à l’autre. La mise en place débute environ six semaines avant l’ouverture. Cannes représente 7,5 km de pontons, soit près de 20 000 m2 à installer. Entre le montage et le démontage, ce chantier mobilise nos équipes pendant deux mois et demi, avec environ trente personnes, dont vingt plongeurs chargés de sécuriser les installations.
Certains bateaux mesurent jusqu’à 50 m, ce qui nécessite des amarrages sur corps-morts ou sur ancres lorsque cela est possible. Quelle que soit la configuration, nous privilégions toujours la solution la plus sécuritaire et la moins impactante pour l’environnement.
Figaro Nautisme : Les salons nautiques évoluent avec une prédominance, aujourd’hui et partout dans le monde, pour les salons à flot. Comment voyez-vous l’évolution de ces évènements dans les années à venir ?
Martin Lovambac : D’un point de vue environnemental, les organisateurs ont déjà mis en place de nombreuses solutions. Mais nous pouvons, et devons, continuer à progresser. De notre côté, tous nos pontons sont fabriqués en France et leur durabilité est un point central. Notre activité n’a pas d’impact sur la faune et la flore, et nous continuons à travailler dans cette direction.
Pour l’avenir, les possibilités de développement sont nombreuses. Les évènements cherchent à offrir de nouvelles expériences aux visiteurs. Nous avons déjà conçu des espaces d’hospitalité flottants pour le Grand Prix de Monaco. Pourquoi ne pas imaginer un bar flottant au milieu du bassin à Saint-Malo pour la Route du Rhum ? Les idées ne manquent pas pour valoriser l’expérience des visiteurs.

Figaro Nautisme : Locaponton en chiffres ?
Martin Lovambac : Nous disposons de 700 pontons, représentant au total 7,5 km de longueur ou environ 20 000 m2. En 18 ans, nous avons accompagné plus de 500 projets. Nous investissons en permanence pour développer des solutions techniques adaptées aux besoins des organisateurs, y compris des bateaux spécialement conçus pour accélérer les phases d’installation.
Figaro Nautisme : Un souvenir, une émotion que vous aimeriez partager ?
Martin Lovambac : Ayant repris Locaponton en 2023, je n’ai encore qu’un recul récent, mais un moment s’impose déjà : la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Voir toutes les délégations défiler sur nos pontons, malgré une météo délicate, a été une immense fierté. Tout s’est déroulé parfaitement, et ce succès reste pour moi un souvenir très fort.
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