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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? « Je suis député du Morbihan, de Port-Louis à l’île d’Hoëdic. C’est une vraie belle circonscription maritime : la baie de Quiberon, Etel, Belle-Île, Houat… J’ai fait toute ma carrière professionnelle dans le bateau à voile. Je m’intéresse de fait beaucoup à tous les dossiers en rapport. Je suis membre du Conseil d’administration du Conservatoire du Littoral, j’ai fait avancer des projets de loi autour de la déconstruction des navires de plaisance, le fameux DAFN, que j’ai fait prolonger. Il y avait des abattements que l’on donnait au bout de 5, 10, 15 ans sur les droits annuels de francisation et j’ai fait tomber les abattements par un amendement pour que l’on puisse avoir un vrai projet dans la déconstruction des navires de plaisance. »
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Comment voyez-vous le déconfinement ? « Il y a plusieurs échelons. Il faut déjà tenir compte du discours du Premier Ministre mardi : les grands rassemblements ne seront pas possible cet été et les grandes compétitions ne reprendront qu’au mois de septembre. Les plages sont fermées mais l’activité de plein air est autorisée, quand elle est pratiquée seule : le jogging mais aussi la natation, le surf… A nous d’essayer de convaincre le Ministre que les surfeurs, les baigneurs seront raisonnables dans leur pratique… Je ne désespère pas pour que l’on puisse encore y arriver dans certains départements où il y a des grandes plages, où il est facile d’appliquer les règles de distanciation. Idem pour l’ouverture des sentiers côtiers. »
La reprise de la navigation de plaisance reste encore un sujet flou... « Là encore, il va falloir y aller crescendo, étape par étape. Je ne vois rien qui empêche une famille qui a été confinée six semaines, dans la mesure où elle se trouve à moins de 100 km de son port d’attache, de partir en mer et de revenir bien entendu au même port, pour protéger les îles particulièrement, qui ont été bien préservées, comme la région Bretagne finalement dans l’ensemble. Ce sont donc les points sur lesquels j’essaye de m’investir actuellement. Il faut que l’on puisse, peut-être, avec l’accord des maires et des préfets, autoriser l’accès à la mer dans une certaine mesure. On a réussi à faire que les équipages professionnels qui préparent les courses puissent naviguer dès le 11 mai, avec l’accord de la Préfecture maritime. Thomas Coville avait une très bonne idée, il disait « mon équipage je vais le confiner avec moi » le temps de la préparation de la course. Alors c’est sur que ce sont des contraintes mais je trouve que ce serait fantastique que la voile puisse être les premières compétitions officielles à redémarrer. Et il y a de nombreux avantages à cela : ce sont de nombreuses compétitions en solitaire comme La Solitaire du Figaro, la Drheam Cup… Je ne désespère pas ! Il n’y aura peut-être pas de village départ, pas de remise des prix… mais je pense que la voile de compétition pourrait être le premier événement sportif à redémarrer ! »
Il faut donner du bonheur aux gens et la voile en donne beaucoup. Et également des perspectives économiques ! Surtout en Bretagne. Au rôle qui est le mien, avec les fédérations, les organisateurs de course, le Ministère, le Préfet maritime… j’essaye vraiment que tout se mette en place pour que l’on puisse y arriver. »
Pour une région tournée vers la mer, la reprise est plus que nécessaire aujourd'hui ? « Oui, la circonscription dans laquelle je suis élu est très tournée vers la plaisance, c’est une activité importante ! La semaine prochaine, les choses vont se construire. Je suis pour qu’on rouvre les écoles dans la mesure où les maires et les directeurs prennent leur responsabilité pour les petites sections, puis le primaire… Il faut qu’on y aille doucement et on peut imaginer que les 15 enfants qui n’ont pas été en classe le matin, sont allés ramasser des coquillages à la plage, ont pris un cours de voile virtuel. Car la pratique sera problématique car il y a souvent du partage de ciré, de combinaison… En revanche, on peut vraiment apprendre la voile, et la mer, de façon différente. On a dix jours pour mettre cela en place. »
Vous êtes plutôt optimiste pour la suite ? « Il faut être optimiste ! Le Premier Ministre a dit « Nous n’avons que des mauvaises décisions à prendre » et le pari que nous devons jouer tous ensemble est redoutable et risqué, mais que le pays a en lui-même les ressources nécessaires. Et ça, j’y crois beaucoup ! L’industrie nautique va être terriblement impactée et il faut que l’on soit raisonnable, face à des projets qui ne sont plus d’actualité comme celui de Port-Brétignolles (entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et les Sables d’Olonne), il faut préserver le trait de côte, que l’on prenne soin de nos océans ! »
