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Une semaine agitée. La société BRP a annoncé qu’elle jetait l’éponge dans la production de ses célèbres moteurs hors-bord 2 temps Evinrude. Spécialisé dans les produits récréatifs, le groupe canadien compte ainsi se recentrer sur d’autres activités nautiques. Pour certains, c’est la première victime économique du Covid-19 dans l’industrie nautique et un pan du patrimoine motonautique nord-américain qui s’effrondre. Pour d’autres, une nouvelle page se tourne. En Europe, la société italienne Sanlorenzo est en négociation étroite pour une reprise d’un des fleurons du yachting : Perini Navi. Fondé dans les années 80, ce chantier est connu mondialement pour ses superbes voiliers dont le luxueux « Maltese Falcon ». Le virus aura précipité ce constructeur dans une grande difficulté financière. En France, le Groupe Bénéteau et son nouveau dirigeant Jérôme de Metz devraient annoncer, d’ici cet été, un nouveau plan stratégique pour l’ensemble des marques à l’image de Jeanneau, Prestige, Lagoon, CNB, Monte Carlo Yachts ou encore Four Wins et Glastron aux Etats-Unis. On peut s’attendre à plusieurs changements notoires à l’approche des salons nautiques d’automne.
Auront-ils lieu ? Ces évènements sont en tout cas indispensables, le plaisancier voulant toucher du "bout des doigts", le bateau de ses rêves. Mais les salons doivent aussi se réinventer et s’adapter à la nouvelle donne mondiale. A Monaco, l’organisation évoque une 30ème édition « à but non lucratif et intime » pour riposter à la fronde de plusieurs exposants issus de l’univers des superyachts. Au prochain Cannes Yachting Festival, l’offre devrait être essentiellement européenne avec un protocole rigoureux pour visiter les bateaux : sens de circulation unique, embarquement réduit et gestes barrières. Cette distanciation sociale va pourtant à l’encontre de la convivialité qui y règne, vous ne trouvez pas ?
Mais comme souvent, dans ce type de situation, le pire cotoie le meilleur. Et surtout l’inventivité. En Europe comme ailleurs, les chantiers et sociétés de service du nautisme redoublent d’audace pour mettre en place des procédés de visites virtuelles et même des évènements on-line. Côté équipements, on peut parier aussi sur la nouvelle membrane composite inventée par une société tricolore. Celle-ci réduira la charge virale des coronavirus à hauteur de 95% après un quart d’heure de contact, par rapport à une membrane non-traitée. On imagine l'utiliser pour la sellerie d’un bateau à moteur ou d'un voilier. Enfin, les architectes et bureaux de design revoient leur copie pour dessiner les futurs bateaux de croisière. Des projets qui feront la part belle au fameux "home sweet home" et au télétravail. De quoi remplacer la fameuse table à cartes de marin par un vrai bureau connecté.