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Le poids, l’ennemi de la vitesse
Il est vrai que si une manille textile ne pesant que quelques dizaines de grammes peut en remplacer une en inox, à résistance égale et 10 fois plus lourde, il serait dommage de s’en passer. Cependant, ce remplacement ne peut se faire qu’en prenant certaines précautions. Pour arriver à concilier le poids, la fonction à remplir et la tenue dans le temps, il faut que les produits soient testés et élaborés avec des composants haut de gamme.
Inox contre textile, points forts et points faibles
Sur un accastillage en inox, par exemple une manille ou un mousqueton, on connaît ses caractéristiques : charge de travail, charge maximum d’utilisation et charge de rupture. Une manille ou un mousqueton inox utilisé dans les limites données par le constructeur et estampillé par ce dernier, a peu d’usure et le vieillissement dû à l’environnement (rayons UV, sel, eau de mer, etc.) est faible. Sur une manille textile ou un autre équipement fabriqué dans ce matériau, il est plus difficile d’en connaître le vieillissement surtout celui dû aux agents extérieurs. Toutefois les accastilleurs sérieux sont conscients qu’ils ne peuvent pas se permettre de mettre sur le marché des produits, en particulier ceux liés à la sécurité, dont ils ne connaissent pas les limites d’utilisation. Pour cette raison, il est impératif de se tourner vers des fabricants qui proposent des produits estampillés. On peut ainsi se référer au catalogue pour en connaître non seulement toutes les spécifications mais aussi les utilisations pour lesquelles ils ont été conçus.
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Les principales utilisations
Sur le marché, des termes nouveaux sont apparus pour définir l’accastillage textile. Nous pouvons citer chez Nodus Factory : Block-shackle friction (manille et anneau), des manilles T-Close pour drisse et écoute, des manilles T (spéciales poulie), des M multi-usage, des R pour le mouflage. Chez Wichard, c’est le nom MXLEvo qui est retenu pour les poulies textile fortes charges. Nous voyons qu’avec ces nouvelles définitions, on est loin des manilles inox droites, lyres, torses… Autre temps, autre langage.
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Les manilles
Avec l’accastillage inox, on peut remplacer (à charge équivalente) ne serait-ce que provisoirement un modèle d’une forme par une autre (exemple une lyre par une droite). Avec le textile, c’est moins évident. Les utilisations sont plus ciblées. Par exemple, un modèle T-Close C/Cs est spécialement conçu pour les drisses et écoutes avec une terminaison à œil. Un tel modèle est imperdable et 10 fois plus léger qu’une manille inox équivalente. Un modèle Cs 6 (poids 30 gr) a une charge de rupture de 2500 kg et peut être utilisé sur des surfaces de voile maximum de 140 m². Dans la même série, on trouve des modèles conçus pour les poulies à transfilages. Elles sont équipées d’un connecteur textile universel et d’un œil auto-fermable dès leur mise en place. Pour les drisses de grand-voile mouflée, la manille R possède une fermeture réalisée avec un nœud de Cap qui permet une ouverture rapide même sous fortes charges. Pour une utilisation plus universelle, on trouve un modèle multi-usage. Il peut tout aussi bien convenir comme connecteur textile pour bordure de grand-voile, poulies, liaisons bastaques, bas étai, etc. Le matériau retenu est le Dyneema R2.
Wichard, bien connu pour son accastillage inox, propose depuis peu des poulies textiles en Dyneema SK78 (MXLEvo). Elles sont destinées aux fortes charges (pied de mât, mouflage de drisse, poulie ouvrante, etc.).
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Les mousquetons
Comme pour les manilles textiles, on trouve des mousquetons pour diverses utilisations. Nous pouvons citer les modèles pour endrailler les voiles d’avant sur étai, pour drisse et écoutes, pour écoute de spi, à ouverture rapide ou sous charge, etc.
Les loops
Les loops ont été parmi les anneaux en textiles les premiers utilisés par les plaisanciers. Il faut reconnaitre qu’il y quelques années c’était le seul accastillage textile proposé par les shipchandlers. Son utilisation à bord peut tout aussi bien être la fixation d’une poulie à axe creux ou encore être associé à un anneau de friction.
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Les produits spéciaux
Pour réaliser une pièce en inox, il faut un moule (accastillage moulé) ou une matrice (accastillage forgé), cela demande des moyens techniques importants. Avec le textile, c’est plus simple de réaliser un prototype avant de passer, s’il convient, à l’industrialisation. C’est pour cette raison que l’on trouve sur le marché, pas seulement des manilles et des mousquetons mais aussi des nouveaux produits qui facilitent la vie à bord. Nous pouvons citer des sangles (type manilles) multi-usage réalisées avec un cordage plat pour une meilleure répartition des charges, des sangles de bôme réglables, des connecteurs textiles, etc.
Ce que propose les accastilleurs
Les accastilleurs, pour les produits en inox (mousquetons, drisses, manilles), proposent deux types de produits : des estampillés à la marque du constructeur et des produits non estampillés. Nous recommandons les premiers car avec ceux-ci on peut se référer à un catalogue donnant toutes les caractéristiques techniques. Pour les seconds, nous sommes plus réservés, en particulier, lorsqu’ils doivent être amenés à travailler sous charge pour une liaison de sécurité (drisses, écoutes, mouillage). Par exemple, à diamètre et forme identiques, une manille inox peut avoir une résistance du simple au double. Pour le textile, c’est encore plus critique si on ne connait pas la nature du cordage utilisé pour sa réalisation. A ce jour, la majorité des accastilleurs l’a bien compris, comme il est impossible d’estampiller un cordage, sauf s’il comprend une fermeture inox, ils proposent des produits de marques connues dont on peut vérifier les caractéristiques dans leurs catalogues. On trouve même des kits de confection : cordage Dynalight, aiguille à épisser et notice détaillée pour réaliser des manilles textiles.
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Notre avis
Dans les années à venir, l’accastillage textile va, pour de nombreuses applications, surplanter l’inox (prix moindre, poids minimum, facilitée d’utilisation, etc.). Le faire soi-même ? oui, en utilisant des kits dont les composants sont validés par un constructeur. Le faire sans passer par cette méthode, c’est plus délicat. Pas pour une question de réalisation technique, il existe des livres, entre autres sur les nœuds, la décrivant mais pour les matériaux utilisés. On n’est jamais sûr de sa composition et de son vieillissement dans le temps.