Les flaps : le moyen d'équilibrer la coque en navigation

Equipements

Il existe plusieurs systèmes qui permettent d’équilibrer un bateau en navigation. Nous avons déjà consacré un article aux gros appareillages tels que les stabilisateurs, aujourd’hui nous allons voir les flaps, système très présent sur les bateaux moteur à partir de 7 mètres.

©Albert Brel
Il existe plusieurs systèmes qui permettent d’équilibrer un bateau en navigation. Nous avons déjà consacré un article aux gros appareillages tels que les stabilisateurs, aujourd’hui nous allons voir les flaps, système très présent sur les bateaux moteur à partir de 7 mètres.

Ne pas confondre flaps et trim

Les flaps sont des volets placés dans le prolongement de la coque à bâbord et à tribord. Ils peuvent être fixes, en général comme sur les bateaux pneumatiques ou mobiles. Dans ce cas, ils sont actionnés indépendamment par des vérins (hydrauliques ou électriques). Le trim est utilisé sur une motorisation hors-bord. Il agit sur l’inclinaison du moteur. Nous reviendrons sur ce système dans un prochain article.

A quoi servent les flaps ?

De par leur position à l’arrière du bateau, dans le prolongement de la coque, ils permettent de modifier l’assiette longitudinale et latérale du bateau, en navigation. Ils sont commandés indépendamment par un boîtier situé près du poste de pilotage qui agit sur les vérins solidaires des volets. Suivant la position de ces derniers, ils influent sur les filets d’eau s’échappant à l’arrière de la carène. La principale fonction est d’agir sur l’assiette du bateau dans le sens longitudinal en abaissant, de façon significative, la proue du bateau. Dans cette situation, on incline les flaps de la même façon. Une autre utilisation est le réglage de l’inclinaison du bateau dans le sens transversal (gîte). Dans ce cas, ils sont utilisés indépendamment en prenant en compte plusieurs critères. Par exemple, lorsque l’on est en présence de mer voire de vent de travers, pour compenser une charge mal répartie à bord ou encore, sur un mono moteur, pour compenser l’effet de l’hélice. Sur mer plate ou sur un plan d’eau intérieur où le bateau se déplace à plat sur l’eau, les flaps étant positionnés dans le prolongement de la carène, leur utilité, si ce n’est d’abaisser le nez du bateau, n’est pas significative. De même, si ce dernier a tendance à plonger dans l’eau, les flaps ne pourront pas la modifier. Il faut avant tout équilibrer le bateau en prenant soin de ne pas trop charger l’étrave, par exemple, avec un poids de mouillage excessif. En résumé, ils sont très utiles pour que le bateau puisse naviguer le plus à plat possible (assiette longitudinale) et avec une gîte minimum (assiette transversale). Ces deux fonctions permettent d’obtenir plus de confort à bord et de consommer moins de carburant.

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Antarès avant montage des flaps© Albert Brel

Installer des flaps

En sortie de chantier, la majorité des bateaux peuvent être équipés de flaps. Sur certains modèles, ils sont montés en standard, sur d’autres proposés en option. Lors d’un premier achat, on n’en voit pas toujours l’intérêt. C’est à l’utilisation que l’on se rend compte que le bateau, à partir d’une certaine vitesse, est loin d’être à plat sur l’eau et que par mer formée de travers voire de vent, il a tendance à giter exagérément. La solution qui s’impose : installer des flaps. Sur le marché, des kits complets sont proposés qui permettent de le faire sans difficulté. Pour le démontrer, nous avons suivi l’installation, faite par un non professionnel, sur un Bénéteau Antares 10.80.

Choisir le modèle

Le modèle retenu sur ce bateau a été un modèle à vérin électrique Lenco. L’avantage de ce modèle est qu’il élimine le risque de fuite d’huile et délivre une puissance importante. Il n’existe pas de flaps en kit adaptables à toutes les coques de taille égale. Le choix doit être fait en fonction de la carène (planante, semi planante, à déplacement), du type de motorisation (hors-bord, z-Drive ou in-bord), du nombre et de la puissance des moteurs, de la longueur, du poids du bateau, de la vitesse, des caractéristiques du tableau arrière, etc. Un choix qui peut s’avérer difficile pour un non professionnel. Pour le faire, aux vues des données sur le bateau, l’importateur a conseillé le modèle TT12x18. Celui-ci conçu pour des bateaux de 8 à 12 m, délivre une force du vérin de 340 kg et est équipé de plaques de 460 x 305 mm. Pour la commande, une fois le type sélectionné, il ne reste plus qu’à définir le boitier de commande qui peut être standard avec simplement deux boutons ou équipé de LEDs. C’est ce dernier qui a été retenu pour des raisons pratiques d’utilisation. En effet, les LEDs indiquent la position des flaps et la remontée est automatique lors de l’arrêt de l’alimentation. Le dernier point à vérifier est la longueur de câble nécessaire entre le boîtier de commande et les vérins. En standard, 10 m de câble avec connecteurs précablés sont fournis. Au besoin, il existe des prolongateurs. Avec toutes ces données, il ne reste plus qu’à passer commande. Cette dernière vous sera livrée complète avec tous les accessoires de montage y compris les vis de fixation des pelles sur le tableau arrière et une notice de montage.

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Nettoyage avant la pose des flaps© Albert Brel

L’installation

Pour la faire :

- Le bateau doit être à terre.

- Les pelles doivent être positionnées sur le tableau arrière en suivant les indications fournies dans la notice.

- On trace les trous de perçage pour la fixation en prenant la précaution de vérifier qu’il n’y a pas de contrainte pour percer.

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Les flaps doivent être installés 1 cm au-dessus du bord de la coque© Albert Brel

- On fixe les pelles simplement par deux vis pour les maintenir en place.

- On fixe les vérins sur les flaps et on trace l’emplacement des trous de fixation sur le tableau arrière.

- On met en place le passe-câble étanche pour le passage des câbles.

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Mise en place des vis© Albert Brel

- On fixe les flaps ainsi que les vérins sur le tableau arrière.

- On positionne le tableau de commande près du poste de pilotage, on le relie à l’alimentation électrique et aux flaps.

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Flaps installés tribord© Albert Brel

Les essais

Lorsque le montage mécanique et électrique est terminé, il ne reste plus qu’à faire les essais à terre et en mer.

A terre

Lorsque le système est alimenté, on vérifie que les commandes BOW agissent bien sur le positionnement et le sens de déplacement des flaps. Si le boîtier de commande est équipé de LED, ce déplacement est indiqué.

En mer

Le premier point à vérifier est qu’il n’y a pas d’entrée d’eau au niveau de la fixation des flaps, des vérins et du passage du câble électrique. Si tout est correct, il ne reste plus qu’à naviguer pour se rendre compte de l’efficacité. Les premiers essais se feront sur un plan d’eau plat et abrité.

Pour l’essai, on met les flaps dans le prolongement de la coque (indicateur à zéro). Là, on doit retrouver le même comportement que sans flaps. Ensuite, à vitesse constante, on agit sur la position des flaps. L’effet doit être immédiat sur la position du bateau dans le sens longitudinal. A titre indicatif, lors de nos essais (cf. tableau) avec les deux flaps dans le prolongement de la coque, l’inclinaison (proue relevée) était de 8° à 10 nœuds et seulement de 4° lorsque les flaps sont baissés au maximum. Pour faire cette mesure, il suffit de placer, dans le sens longitudinal, un niveau sur la table du carré. Ce rapport de deux reste sensiblement constant quelle que soit la vitesse, à 15 nœuds on passe de 10° sans flaps à 5° avec flaps.

Vitesse en nœuds - Inclinaison sans flaps - Inclinaison avec flaps :

5 - 5° - 3°

10 - 8° - 4°    

15 - 10° - 5°

Les autres essais doivent se faire lorsqu’il y a du vent et une mer de travers, là, on joue sur la position des flaps pour stabiliser le bateau dans le sens transversal (gîte).

Reste la consommation de carburant, c’est le plus difficile à mesurer, mais il est évident qu’un bateau qui navigue à plat consomme moins de carburant.

La bonne utilisation : les 3 règles à respecter

Naviguer avec du courant : dans un courant contraire, on descend légèrement les deux flaps de façon à abaisser la proue du bateau. Lorsque le courant est portant, les deux flaps doivent être rétractés pour réduire la poussée verticale à l’arrière du bateau.

Vent de travers : pour élever le coté du bateau soumis au vent appuyer sur la touche BOW UP de ce côté. Si besoin appuyer sur la touche BOW DOWN du côté opposé.

Bateau déséquilibré : si, suite à un mauvais chargement, la coque est plus élevée d’un côté que de l’autre, abaisser le flap (BOW DOWN) du côté le plus haut.  

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Tableau de commande© Albert Brel

Notre conclusion

Les flaps, comme nous avons pu le constater, apportent un réel confort en navigation et, côté mécanique, il est évident que le ou les moteurs sont moins sollicités ce qui entraine une diminution de la consommation en carburant. L’installation ne demande pas de connaissances particulières ni de matériel spécifique. Il se limite à des outils de traçage et de perçage. Côté électrique, toutes les connections sont précablées avec des connecteurs. L’installation complète sur ce Bénéteau 10.80 a demandé environ 5 heures de travail. L’utilisation reste simple. Avec de la pratique, on aura vite pris des repaires pour régler les flaps en fonction de l’état de la mer et des conditions météo.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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