
La France est un pays de navigateurs qui fréquentent les quais, les pontons et les capitaineries en toute saison. La Fédération française des ports de plaisance (FFPP) représente les intérêts de 500 infrastructures maritimes, fluviales et lacustres depuis 1979. « On a longtemps parlé de pénuries généralisées en termes de places de port mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, indique Guillaume Nardin, délégué général de la FFPP. Cependant, on rencontre des contextes différents. Des ports comme ceux de Cannes, Saint-Malo ou Arcachon par exemple n’ont pas de places disponibles, mais d’autres n’ont plus de liste d’attente (…) Les ports en pleine eau ont un net avantage sur ceux qui ont des contraintes de marée pour entrer ou sortir. Ces obligations sont moins acceptées par les nouvelles générations. »
De Pornichet à Hendaye, les 70 infrastructures de la façade atlantique ont toutes une liste d’attente pour les places de titulaires. « Je ne connais pas d’adhérents qui ont des difficultés à remplir, assure Germain Stoldick, président de l’APPA (Association des ports de plaisance de l’Atlantique). La liste d’attente pour un anneau pérenne peut varier de six mois à plusieurs années. » La situation est différente pour les escales : « nous sommes tenus de leur réserver un contingent de places. »
Plus au nord, au Havre, la situation est variable en fonction de la saison. « Pour les pêcheurs-plaisanciers qui ont de petits bateaux de 5 à 7 mètres, les places se libèrent et se réattribuent entre mars et juin, observe Julien Lebas, maitre de port. Pour les voiliers de 10 à 12 m à grand tirant d’eau, les rotations ont plutôt lieu en fin d’année civile, à partir de septembre. » C’est la période à laquelle les propriétaires anticipent la fin de leur contrat d’engagement annuel et cherchent une nouvelle place. Les clients du grand port havrais, qui compte 1300 places, ne connaissent pas d’attente s’ils ont un petit bateau. Pour les plus gros voiliers, il y a plus de demandes que d’offres. « Mais on arrive toujours à trouver des solutions. On peut les accueillir en visiteur avec un tarif mensuel ou trimestriel, proposer une mise à terre du bateau l’hiver et un contrat à flot pour la belle saison... »
Des bateaux plus imposants
En Méditerranée la situation est différente car la pression est plus constante. Mais pour Thomas Legall, maitre de port principal à Toulon Darse nord, la principale difficulté réside dans l’augmentation des demandes émanant de multicoques. « La tendance est aux bateaux plus larges et plus gros. » Le maitre de port du Havre fait le même constat : « cela nous pose des problèmes car l’écart entre les pontons et les catways n’est pas dimensionné pour ». Selon lui, la taille croissante des bateaux s’inscrit dans une logique : « c’est comme pour les voitures. On commence avec une petite cylindrée et on cherche plus de confort en vieillissant. Et comme la moyenne d’âge des plaisanciers à tendance à grandir… Mais chez nous, la taille plafonne à 12 mètres. Au-delà, les coûts augmentent trop vite pour les plaisanciers. »
Nouveaux modèles de consommation
C’est notamment pour pallier les problèmes de coût que de nouveaux modes de consommation apparaissent dans les ports et contribuent à libérer de la place disponible. « Le modèle des plaisanciers-propriétaires est encore très majoritaire, mais on note l’apparition d’usages différents depuis quelques années », indique le président de l’APPA. Les pratiquants commencent à favoriser l’usage à la propriété. Une économie du partage s’impose doucement. Elle peut prendre des formes différentes, plus ou moins organisées, avec ou sans intermédiaire : le partage entre amis, la location simple, le click and boat (plateforme de mise en relation entre particuliers). Ou encore le développement des boat club qui consiste à partager un bateau avec un nombre restreint d’adhérents. « Une place en boat club équivaut à dix places de port », assure Guillaume Nardin de la FFPP.
*Selon les chiffres du service public d’information sur l’eau parus en 2018
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