
Figaro Nautisme : Comment devient-on le président de la Fédération des industries Nautiques ? Jean-Paul Chapeleau : "Je suis vendéen. Après mes études et mon service militaire, j’ai postulé dans plusieurs entreprises de ma région dont Jeanneau. J’ai commencé dans l’agro-alimentaire mais Jeanneau m’a rappelé quelques mois après pour me proposer la responsabilité du planning. Je n’ai pas hésité longtemps et je les ai rejoints en mars 1980. J’avais 22 ans ! A l’époque, Jeanneau était déjà une grande entreprise avec 1000 collaborateurs et 4 usines. Au planning, je m’occupais de gérer l’interface entre la production et la vente… Au début des années 90, la crise du Golfe a bouleversé notre industrie après une période de forte croissance. C’est devenu compliqué pour nous et Beneteau a repris Jeanneau en 1995. J’ai continué ma carrière dans le groupe jusqu’à devenir le directeur de la marque Jeanneau et enfin directeur général délégué du Groupe Beneteau. J’ai passé toute ma carrière professionnelle dans l’industrie nautique et, pour moi, il a été logique de m’impliquer au sein de la Fédération des Industries Nautiques. Je suis devenu l’un de ses administrateurs en 2018 et ai notamment développé l’APER – l’éco-organisme en charge de la déconstruction des bateaux de plaisance. J’ai intégré le bureau exécutif de la FIN comme vice-président dès 2019. En 2022, Yves Lyon-Caen alors président a décidé de se retirer. Le conseil d’administration de la FIN m’a fait l’honneur de m’élire comme président… C’est un mandat de deux ans. J’ai ensuite été réélu l’année dernière. Par ailleurs, je suis également vice-président de l’European Boating Industry, qui représente l’industrie nautique européenne."
Figaro Nautisme : Quel est le rôle de la Fédération que vous dirigez ?Jean-Paul Chapeleau : "L’objectif de la FIN est de défendre la filière. Nous sommes un syndicat professionnel dont le but est de représenter, développer et promouvoir les industries nautiques. Nous intervenons en tant qu’interlocuteur privilégié auprès des pouvoirs publics. Nous offrons bien sûr des conseils et une assistance à nos adhérents. Enfin, nous avons une mission importante de formation et sur l’emploi en général. N’oublions pas l’aspect social sur le long terme dans notre filière qui est au cœur de nos actions et de nos préoccupations. Enfin, le dernier point sur lequel la fédération est particulièrement active est le développement durable. C’est un sujet sur lequel nous travaillons en étroite collaboration avec les constructeurs français, mais aussi européens avec l’EBI, la fédération européenne – 18 constructeurs majeurs européens sont déjà impliqués - , et au niveau mondial, notamment avec la NMMA (National Marine Manufacturers Association), notre homologue américaine. Et je peux vous annoncer que cela avance vite et même très vite. Nous aurons de nouveaux outils notamment sur le cycle de vie des bateaux qui seront rapidement mis en place…"
Figaro Nautisme : L’actualité de la FIN ?Jean-Paul Chapeleau : "Au-delà des actions que je viens d’évoquer, nous avons un rôle de promotion des industries nautiques qui est essentiel, et nous parlons ici bien sûr des salons nautiques. L’International Multihull Show – le salon nautique du multicoque – qui se tient à La Grande Motte du 23 au 27 avril est devenu un évènement incontournable du calendrier. Quand les créateurs du salon ont décidé de passer la main, les acteurs du monde du multicoque sont venus nous voir en nous demandant de ne pas laisser partir cette pépite. Nous l’avons donc repris l’année dernière. L’idée était surtout de conserver son ADN et de lui permettre de grandir et se développer. Cette année, le salon va présenter 80 bateaux et c’est un record, dont de nombreux en première mondiale, ce qui montre tout l’intérêt que portent les constructeurs du monde entier à ce salon. Nous y inaugurons un nouvel espace dédié aux seuls multicoques à moteur. Et nous avons de nombreuses idées pour les années à venir…L’autre grande annonce est bien sûr le retour d’un salon nautique à Paris du 26 au 30 novembre 2025, le Paris Nautic Show. Là encore, nous avons souhaité répondre à une demande de l’ensemble de la filière pour un salon dans la zone du Grand Paris. La seconde volonté clairement exprimée était de limiter les coûts, de faciliter la logistique – « monter » des grands bateaux à Paris est compliqué – et que le salon ne dépasse pas les 5 jours. Le choix d’un salon indoor permet de limiter les impacts de la météo, surtout à cette période. Le Bourget répondait à toutes nos attentes : facilité d’accès, des halls capables d’accueillir de grands bateaux et proche de Paris. Nous venons à peine d’annoncer le « Paris Nautic Show » et de commencer la commercialisation. Mais je peux vous dire que les réservations sont déjà nombreuses et même que nous aurons le plaisir d’accueillir de grands bateaux, y compris des catamarans. Ce salon s’annonce positivement et nous voulons vraiment que les visiteurs s’y sentent bien. Il sera très animé, voir festif ! Il est temps de reconquérir les nouvelles générations. Vous y trouverez, outre des bateaux et équipementiers, tout ce qui à trait à l’usage, donc des destinations et des informations touristiques, des loueurs de bateaux mais aussi les innovations en lien avec le développement durable et un éclairage grand public avec la course au large."
Figaro Nautisme : l’industrie nautique est en pleine mutation (nouvelle manière de « consommer » le nautisme, de devenir propriétaire, des bateaux plus simples mais aussi plus confortables, les problèmes écologiques), comment voyez-vous les bateaux dans 10 ans ?Jean-Paul Chapeleau : "J’ai deux convictions : nous aurons toujours des marins qui souhaitent posséder leur propre bateau. Les raisons pour cela sont nombreuses et bien connues. Mais je pense aussi qu’une nouvelle forme d’approche, plus par l’usage, va se développer. Concernant les bateaux de demain : ils seront forcément toujours plus confortables et surtout plus respectueux de l’environnement. Je les imagine forcément plus simples à utiliser, toujours plus sûrs – les novices ont parfois un peu peur de la mer et ont besoin d’être rassurés, c’est, en partie, ce qui a fait le succès des catamarans - et de plus en plus connectés. Nous verrons forcément, dans les années à venir, des évolutions dans les propulsions, les carènes, bien sûr, pour moins consommer et également sur les méthodes de construction et l’utilisation de nouvelles résines ou tissus. Enfin, je parlais de nouveaux usages tout à l’heure, et il est certain que nous nous dirigeons vers un développement de la réutilisation des bateaux. La durée de vie moyenne d’un bateau est de 40 ans. Que cela soit pour des raisons écologiques ou financières, ces anciens bateaux vont de plus en plus être remis à niveau et « réutilisés ». Il ne faut pas oublier qu’en France en 2024, les mutations de bateaux d’occasion étaient dix fois supérieures à celles des immatriculations de bateaux neufs. Nous avons d’ailleurs, à la FIN, mis en place un groupe de travail sur de nouveaux usages et nouvelles pratiques."
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Figaro Nautisme : la FIN en chiffres ?Jean-Paul Chapeleau : "La Fédération des Industries Nautiques, c’est 6000 entreprises ; 6,3 milliards de CA. 80% de la production fabriquée en France part à l’export. La filière nautique, c’est aussi près de 50 000 emplois directs et 120 000 emplois en tout avec les entreprises qui gravitent autour du nautisme. 4 millions de plaisanciers réguliers et 11 millions de pratiquants de sports nautiques."
Figaro Nautisme : Dernière question : quelle a été votre dernière navigation et quelle sera la prochaine ?Jean-Paul Chapeleau : "L’été dernier, je suis parti naviguer deux semaines en catamaran à moteur aux Bahamas. Départ Floride, retour Floride. Sur un catamaran Prestige ! Nous étions trois couples d’amis et, franchement, c’était merveilleux. Et cet été, je n’ai pas de projet donc je vais aller faire un peu de bateau à moteur autour de Noirmoutier qui est mon île de prédilection…"
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