
La sécurité passive : le matériel à avoir à bord
Nos bateaux sont de plus en plus équipés. Plus personne n’aurait l’idée d’appareiller – même pour une sortie à la journée – sans un GPS (tous nos téléphones en sont aujourd’hui équipés), une cartographie électronique et ces très nombreux capteurs qui donnent des multiples informations indispensables... Tout ce matériel est un gage de sécurité évident. Il informe le skipper, l’aide à prendre les bonnes décisions le plus rapidement possible et permet d’agir en toute sérénité.
La législation impose d’embarquer un certain nombre d’équipements selon la navigation pratiquée. Ces obligations légales dépendent de la distance maximum d’un abri, à savoir un endroit de « la côte où tout engin, embarcation ou navire et son équipage peuvent se mettre en sécurité en mouillant, atterrissant ou accostant et en repartir sans assistance. Cette notion tient compte des conditions météorologiques du moment ainsi que des caractéristiques de l’engin, de l’embarcation ou du navire. » L’équipement à embarquer est dit « basique » jusqu’à 2 milles d’un abri, « côtier » jusqu’à 6 milles, semi-hauturier entre 6 et 60 milles et hauturier si vous envisagez de naviguer à plus de 60 milles d’un abri. Le choix de la distance de navigation par rapport à un abri est laissé « à l’initiative du chef de bord » qui doit, bien sûr, tenir compte de la catégorie de conception du navire.
Chaque chef de bord doit impérativement connaître et embarquer le matériel obligatoire selon la navigation envisagée. Ceci étant dit, disposer de feux à main, du matériel pour faire le point manuellement, d’un livre des feux tenu à jour, de harnais, longes, gilets, d’une VHF ou encore d’une trousse de secours conforme à l’article 240-2,16 ( !!!!!) sera inutile si vous ne savez pas les utiliser et si vous n’avez pas formé votre équipage aux règles basiques des gestes de sécurité avant l’embarquement.
Ce que la législation impose – pour notre sécurité à tous – peut être insuffisant pour une croisière sereine. En effet, la technologie d’aujourd’hui offre des outils particulièrement efficaces pour optimiser la sécurité des navires et de leurs équipages qu’il serait dommage de ne pas avoir à bord. Les gilets gonflables automatiques, équipés d’un harnais, sont par exemple bien plus agréables à porter que « l’équipement individuel de flottabilité » basique, inconfortable et encombrant. Un vrai plus pour la sécurité qu’il serait dommage de ne pas avoir à bord alors qu’ils ne coutent que quelques dizaines d’euros… La liste du matériel obligatoire et tous les documents règlementaires sont à retrouver dans le Bloc Marine, ouvrage indispensable à bord.
Récupérer la météo sur le panneau d’affichage de la capitainerie avant d’appareiller est la base de la préparation de sa navigation. Mais maintenant, il existe des applications ultra performantes pour un prix dérisoire à télécharger directement sur votre smartphone. La garantie d’avoir toujours avec vous la météo, les prévisions à venir sur votre zone de navigation, des alertes en cas de besoin notamment en téléchargeant l'application mobile METEO CONSULT Marine. Alors, pourquoi s’en priver ?
Dans la même logique, la cartographie électronique peut facilement être associée à l’anémomètre du bord, au sondeur voire à votre service météo, aux courants de marée et même aux polaires de votre bateau. Voilà un outil qui permet de tracer la route idéale en quelques clics. Là encore, un atout sécurité important. Sans compter l’incroyable tranquillité d’esprit que cela apporte au skipper (ce qui ne l’empêche pas de garder son libre arbitre et de vérifier la cohérence de la route proposée par le système) .
Ces mêmes traceurs de cartes peuvent aussi être couplés au radar du bord et au système AIS – Automatic Identification System – qui transmet aux navires autour de vous les informations sur votre position, votre cap, votre vitesse et vous permet de recevoir en retour, les mêmes données sur les bateaux qui vous entourent.
Enfin, pour des navigations de plus d’une sortie à la journée, il est recommandé de s’équiper d’un pilote automatique, un plus évident pour le confort et la sécurité. Une assistance qui ne doit surtout pas vous faire abandonner l’obligation de veille permanente…
L’imagination des équipementiers semble ne pas avoir de limites comme le démontre le nombre de nouveautés proposées chaque année.
La sécurité active : ce qu’il faut savoir faire
En 2024, la SNSM est déjà intervenue 9256 fois, notamment à bord de l’un de ses 339 bateaux destinés au sauvetage en mer. Un peu trop souvent, ces interventions sont le fait de plaisanciers mal préparés et dans l’incapacité de gérer des avaries qu’ils devraient être en capacité de solutionner sans aide extérieure. Alors oui, connaître son bateau, être autonome et savoir réparer les pannes classiques qui peuvent vous immobiliser est la base avant de partir en mer. Dans le même ordre d’idée, être capable de tracer sa route, de consulter (et comprendre) la météo, connaître et savoir utiliser le matériel de sécurité et former votre équipage du jour à son maniement est la base que le chef de bord doit parfaitement maitriser.
A bord d’un bateau, le danger numéro un est la chute à la mer d’un membre de l’équipage. Il peut s’agir d’un enfant, d’un adulte ou… du skipper. Dans tous les cas, chaque personne à bord doit savoir comment réagir – qu’il ou elle soit « l’homme à la mer » ou celui ou celle qui s’en aperçoit. Chacun doit connaître les différents rôles à tenir dans cette situation. De même, tout l’équipage doit savoir où se trouvent les équipements de sécurité, comment s’en servir, comment envoyer un signal de détresse avec la VHF, comment mettre à l’eau le radeau de survie et comment le « percuter ».
« L’homme à la mer » est forcément très anxiogène pour tous les skippers, le feu à bord est l’autre évènement que tout le monde redoute. Un bateau en « plastique » (c’est aussi valable pour une unité en bois…) brûle vite, très vite. Le temps de réaction en cas de départ de feu est primordial pour la sauvegarde du bateau. Là encore, connaître les bons gestes, les moyens d’éteindre un feu selon son type, l’emplacement des extincteurs et savoir les utiliser peut faire la différence !
Après avoir pris la météo et fait le briefing sécurité, il est temps, enfin, de quitter le port. Vraiment ? Et non, avant l’appareillage, il convient d’avoir préparé soigneusement sa navigation. Profitez-en pour noter sur une bonne vieille carte papier les informations essentielles de votre croisière, comme les dangers à parer, les phares et autres feux à repérer, les abris potentiels en cas de soucis, etc. Pourquoi une carte papier à l’heure de l’informatique embarquée ? Tout simplement parce qu’elle est toujours à portée de main et ne tombe jamais en panne ! N’oubliez jamais que la sécurité en mer, c’est avant tout une bonne préparation et une bonne anticipation de ce qui pourrait arriver. Si vous partez pour une navigation hauturière ou semi-hauturière, il est important de prévoir des sacs ou containers étanches que vous devrez pouvoir embarquer très rapidement dans le radeau de survie en cas d’abandon du bateau. L’équipement à y emporter dépend de chacun, de votre zone de navigation et du nombre de personnes à bord. Mais de l’eau et de la nourriture est la base, ainsi que quelques outils indispensables (bouts nylon, sangles, ruban adhésif en toile, de quoi réparer les boudins, un couteau digne de ce nom…), des moyens de communication et de signalisation (VHF portable, GPS portable avec les piles nécessaires à leur fonctionnement, balise AIS, fusées, jumelles, corne de brume, lampes…). On en profite pour y mettre de quoi vous protéger (du soleil, de l’eau et du froid), du matériel de pêche, une petite pharmacie avec les indispensables et de l’argent liquide, carte bancaire et papiers d’identités. Chaque personne à bord doit bien sûr connaître l’emplacement de ces sacs étanches et être capable de les récupérer rapidement en cas de besoin.
Vous ne naviguez qu’en côtière à moins de six milles d’un abri ? Raison de plus pour prendre votre sécurité au sérieux et la préparer au mieux : c’est près de la côte que l’on rencontre des cailloux, des bancs de sable et d’autres embarcations…
La sécurité en croisière : comment se protéger ?
La navigation de croisière est plutôt une activité sûre. Il y a bien sûr des risques d’accidents, d’avaries ou de blessures quand on navigue, mais le bateau est plutôt un moyen de se déplacer moins exposé que beaucoup d’autres. En 2022, 92 personnes sont décédées en France dans des activités nautiques sur 26,7 millions de pratiquants réguliers ou occasionnels. A comparer aux 3398 morts sur les routes pour 38,7 millions d’automobilistes qui, certes, font beaucoup plus de kilomètres…
Lorsqu’on navigue loin de son plan d’eau, forcément bien connu, le risque augmente inévitablement. Au-delà des dangers inhérents à la navigation –que l’on peut limiter en la préparant soigneusement et en s’équipant correctement… - de nombreux voyageurs s’inquiètent de potentiels actes de piraterie et d’attaques, répertoriés sur les sites internet des navigateurs au long cours. Jimmy Cornell, éminent spécialiste de la grande croisière et fana de statistiques estime que 2% des bateaux de voyage peuvent être amenés à subir des attaques. C’est à la fois peu et beaucoup ! La réalité est que la quasi-totalité de ces attaques ont lieu dans des zones parfaitement identifiées : au large des îles des Caraïbes orientales et des côtes d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud ainsi bien sûr que le long des côtes de la Somalie et du Yémen, du golfe de Guinée en Afrique de l'Ouest et les coins sud des Philippines dans les mers de Sulu et de Célèbes… Des zones où il convient d’être prudents.
Dans ces zones, mais ces recommandations restent valables partout, il faut donc limiter au maximum le risque. On évite les mouillages solitaires, les coins douteux, ceux où des attaques ont été répertoriées. L’idéal est de ne pas mouiller trop près des côtes dans ces zones sensibles. Remonter les échelles de bain ou de coupée la nuit. L’annexe doit être, elle aussi, remontée à bord et cadenassée – ainsi que son moteur et la nourrisse – à un point fixe. La nuit, pensez à fermer et verrouiller les descentes, portes et capots. Les systèmes d’alarme anti intrusion sont parfaitement au point et permettent de dormir l’esprit tranquille. Enfin, naviguer en flottille et mouiller avec les autres bateaux est un bon moyen d’éviter les mauvaises surprises…
N'hésitez pas à vous inscrire ou à demander des informations au MICA (Maritime Information Cooperation & Awarness Center), le centre français d’analyse et d’évaluation de la situation sécuritaire maritime mondiale. Ce service s’adresse à la marine marchande, mais aussi aux plaisanciers.
Reste la question, épineuse, d’avoir une arme à bord… Sur le sujet, les avis divergent et chacun fera en fonction de ses convictions. Factuellement, une arme peut faire fuir des jeunes inexpérimentés, pas des pirates organisés, déterminés et… armés. Posséder des armes à bord est, en revanche, la garantie d’avoir des ennuis avec les autorités des pays où vous relâcherez et qui, en très grande majorité, vous interdiront de garder une arme à bord pendant votre escale. Et gare aux problèmes si vous ne la déclarez pas.
Le conseil le plus souvent donné par ceux qui naviguent fréquemment dans les zones dangereuses est de ne pas faire preuve de témérité face à des pirates organisés qui n’ont, la plupart du temps, pas grand-chose à perdre…
Plus de sécurité pour naviguer encore plus
Naviguer offre des sensations uniques et une liberté inconnue sur la terre ferme. C’est ce qui en fait une activité aussi appréciée. Les risques inhérents aux loisirs nautiques ne doivent pas nous empêcher de profiter au maximum de ce plaisir. Une bonne préparation, des équipements cohérents, une formation solide et du bon sens (marin) et il ne reste plus qu’à… profiter !